Présentation d’un
système de téléphonie par internet à Séoul, le 13 février 2006
L’opérateur américain de téléphonie sur internet Vonage a raté son entrée à
Wall Street mercredi, les investisseurs s’inquiétant de ses perspectives
financières dans un marché où la concurrence est très vive.
L’action Vonage a terminé sa première séance de cotation sur un recul de
12,65% à 14,85 dollars. Il s’agit du plus mauvais démarrage enregistré cette
année pour une introduction en Bourse aux Etats-Unis.
Vonage avait récolté plus de 531 millions de dollars en proposant au public
au prix de 17 dollars l’unité un total de quelque 31,25 millions d’actions.
Il s’agissait de la deuxième plus grosse introduction en Bourse dans le
secteur de l’internet aux Etats-Unis depuis cinq ans, après celle de Google
en août 2004.
L’accueil a été très différent puisque la firme exploitant le célèbre moteur
de recherche avait vu son titre bondir de 18% lors de la première séance de
cotation (à plus de 100 dollars contre 85 à l’introduction).
Pour Vonage, “nous avions jugé cette introduction en Bourse risquée”, a
déclaré David Menlow, du site spécialisé ipofinancial.com. “Les gens
réalisent peut-être que cette entreprise pourrait ne jamais être rentable,
en tout cas pas avant plusieurs années au moins”, a-t-il ajouté.
Le secteur des services de voix sur IP –la VoIP, communément appelée
téléphonie sur internet– est en proie à une vive concurrence, et, à la
différence de certains opérateurs, Vonage ne propose pour l’instant qu’un
abonnement payant.
“Il est difficile de demander 25 dollars par mois à un public de plus en
plus habitué à obtenir ce service gratuitement. La VoIP pourrait à terme
n’être plus qu’une simple option supplémentaire dans une offre groupée”
ciblée d’abord sur la vidéo, a ajouté M. Menlow.
Vonage, qui se présente comme un des principaux fournisseurs de services de
téléphonie en haut débit (VoIP), recensait à la date du 1er avril plus de
1,6 million de lignes d’abonnés, selon son site internet.
Mais ses lourdes dépenses en marketing et publicité empêchent pour l’instant
le groupe d’être rentable. En 2005, Vonage a affiché une perte nette de 261
millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 269 millions.
Sur ce créneau de la téléphonie en haut débit, Vonage doit affronter “la
concurrence d’entreprises mieux capitalisées”, ayant davantage de capacités
d’investissement, selon David Menlow. L’européen Skype est adossé depuis
2005 au géant internet américain eBay, après son rachat pour 2,5 milliards
de dollars.
“Nous sommes préoccupés par le niveau de concurrence sur le marché de la
téléphonie vocale et estimons que le titre est proche de sa juste
valorisation à ce niveau”, a indiqué de son côté Todd Rethemeier, analyste
de Soleil Securities, pour justifier un objectif de prix fixé à 16 dollars,
inférieur au niveau d’introduction.
Vonage avait annoncé mardi soir avoir retenu comme prix d’introduction de
son action le milieu de la fourchette initialement pressentie (16-18
dollars). Le groupe avait précisé avoir offert aux banques souscriptrices la
possibilité d’allouer 4,687 millions de titres supplémentaires.
Fondé en 2002, l’opérateur établi à Holmdel dans le New Jersey (nord-est)
est présent aux Etats-Unis, au Canada et depuis mai 2005 au Royaume-Uni.