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Permettez-moi de corriger quelques erreurs dans votre article pour être plus
cohérent et complet et exprimer un sentiment.
Commençons par le préambule, le système a pris du retard non seulement à
cause des divergences entre les parties concernées mais surtout du fait que
la CNAM n’était pas prête structurellement (elle ne l’est toujours pas
d’ailleurs). Les négociations ont commencé en septembre 2000 (pas depuis 20
ans), par contre, la reforme de l’assurance maladie et revendication
syndicale du STML depuis plus de 20 ans.
Il faut dire : les salariés, affiliés à la CNSS et non pas “non affiliés”,
ne pouvaient pas consulter dans le privé à l’instar de ceux qui sont
affiliés à la CNRPS et qui auront choisi le régime facultatif. Les affiliés
de la CNSS n’ont le droit de consulter que dans les structures publiques ou
celles de la CNSS. Le régime facultatif de la CNRPS n’est pas l’assurance
groupe.
Le régime de base obligatoire ne concerne pas seulement les actes médicaux
lourds et coûteux, mais aussi les maladies ordinaires. Il concerne
pratiquement toutes les pathologies sauf celles qui ne sont pas remboursées
comme les soins esthétiques et de confort. La notion de généraliste de
référence (par lequel doit passer obligatoirement le malade) n’est plus
d’actualité puisque le médecin généraliste ou spécialiste aura le choix du
mode de paiement (ce que vous dites plus loin). Le malade choisira son
médecin qui acceptera ou non d’être payé avec ticket modérateur.
D’un système rigide et imposé, on passe ainsi à un système basé sur le
rapport de confiance entre médecin malade. Il a été montré et démontré que,
quand on impose un système, il y a toujours des moyens détournés pour le
pervertir. Il n’est pas vrai non plus que le médecin référent soit une
manière de maîtriser les coûts car le paiement par ticket modérateur est
inflationniste et surtout pour une même pathologie le malade consultera un
généraliste dans un premier temps et exigera d’être adressé à un spécialiste
dans un second temps. Au lieu d’une consultation, la caisse aura à
rembourser deux. Sans parler de tous les autres problèmes engendrés par le
passage obligatoire.
La création du syndicat des spécialistes est aussi une forme de pression sur
les négociateurs (STML, CNAM) pour prendre en compte les doléances des
spécialistes qui trouvent tout à fait inacceptables les propositions de la
CNAM pour la convention sectorielle : il faut qu’un spécialiste travaille 3
fois plus pour garder le même pouvoir d’achat. Par contre, le sentiment
d’être sous-représenté au sein du STML est erroné puisque toutes les
structures comportent 50% de généralistes et 50% de spécialistes.
En ce qui concerne les hospitalisations dans les cliniques, le problème
n’est pas l’adoption d’une tarification forfaitaire mais plutôt la
séparation des frais de clinique des honoraires des médecins. C’est ce qui a
été accepté par la CNAM. Il faut dire enfin que le combat de la centrale
syndicale est d’arrière-garde et ne correspond pas du tout à la réalité, il
oppose le public au privé alors qu’on est tous des Tunisiens qui oeuvrent
pour le bien du pays. Les cliniques privées ne pourront jamais concurrencer
les hôpitaux publics puisqu’en nombre de lits elles sont très minoritaires.
En fait, c’est en déchargeant un peu les hôpitaux publics que les cliniques
pourront participer à cette mise à niveau tant souhaitées des CHU, dont la
finalité essentielle devrait être la formation, la recherche et la prise en
charge des pathologies lourdes.
Il faut donc encourager et renforcer ces cliniques qui, non seulement
soignent le Tunisien, mais aussi les étrangers et sont une source de
devises. Il est quand même curieux que dans notre pays on veuille tout
privatiser et en même temps nationaliser le secteur privé de la santé.
Dr Ben Cheikh Yassine, psychiatre, ancien membre du BE du STML.
Réaction à l’article :
L’assurance maladie, des enjeux et des intérêts
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