Jacques Chirac arrive à
Brasilia pour une visite d’Etat de deux jours
___________________________________
Le président français
Jacques Chirac à son arrivée à Brasilia, le 24 mai 2006
Le président français Jacques Chirac est arrivé
mercredi à Brasilia pour une visite d’Etat de deux jours qui vise à sceller
l’étroite coopération politique avec le Brésil et à accroître la présence
des entreprises françaises dans ce nouveau géant économique.
Les deux pays “partagent la même vision,
défendent les mêmes principes, prônent la même exigence sur la scène
internationale: la promotion du multilatéralisme, le recours au droit, le
respect des identités qui sont autant de moyens de réguler la mondialisation
et d’assurer une plus grande stabilité au monde d’aujourd’hui”, a affirmé le
président français devant plusieurs centaines de représentants de la
communauté française.
Il a souligné que “le Brésil est important pour
la France, pour l’Europe et pour le monde. Il est devenu un acteur essentiel
sur la scène internationale. Il est au coeur des processus d’intégration du
continent sud-américain”.
Il s’agit de la troisième visite de M. Chirac
au Brésil, après celles qu’il a effectuées en 1997 et 1999. Le président
brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avait été en 2005 l’invité d’honneur des
cérémonies de la fête nationale du 14 juillet à Paris.
L’Airbus spécial du président français s’est
posé peu avant 18h00 locales (21h00 GMT) sur la base aérienne de Brasilia.
M. Chirac devait ensuite rencontrer les représentants de la communauté
française.
Il est accompagné d’une importante délégation
de cinq ministres (Affaires étrangères, Défense, Economie, Education,
Industrie) et d’une vingtaine de patrons de grandes entreprises, notamment
Alstom, Saint-Gobain, Areva, Suez, Thales.
L’essentiel de sa visite se déroulera jeudi,
avec une rencontre avec les chefs d’entreprise français puis un entretien
avec le président Lula. Il prononcera ensuite un discours devant les deux
chambres du Congrès.
Du côté français, on souligne “l’excellence”
des relations franco-brésiliennes et la grande convergence de vues entre MM.
Chirac et Lula, notamment sur “une mondialisation humanisée”.
Le Brésil, de son côté, souhaite officialiser
avec la France un “partenariat stratégique” au plan politique, a indiqué le
sous-secrétaire brésilien aux Affaires étrangères, Antonio Patriota.
Le voyage de Jacques
Chirac en Amérique latine
Cette proximité s’est déjà manifestée par le
soutien du Brésil à l’initiative de M. Chirac de taxe sur les billets
d’avion pour financer la lutte contre le sida dans les pays pauvres. La
France soutient d’autre part l’aspiration du Brésil à disposer d’un siège
permanent au sein du Conseil de sécurité de l’Onu.
Plusieurs accords de coopération politique,
scientifique et culturels seront signés jeudi. Mais la visite de M. Chirac
aura aussi une forte tonalité économique. “Il faut aller là où se situe la
croissance de l’économie mondiale, là où se situent les grands pôles de
développement”, a expliqué le porte-parole de la présidence, Jérôme
Bonnafont. M. Chirac s’est déjà rendu cette année en Thaïlande, en Inde et
en Arabie saoudite et devrait retourner en Chine à l’automne.
Le Brésil, avec ses 185 millions d’habitants et
une croissance de 5% escomptée par le gouvernement cette année, attire les
convoitises françaises, alors que la France n’est que le 7e fournisseur et
client du Brésil avec 5 milliards d’euros d’échanges et une part de marché
de 3,7%.
Selon M. Patriota, les constructeurs
aéronautiques français Dassault et brésilien Embraer devraient annoncer en
marge de la visite un accord sur l’implantation au Brésil d’une unité de
fabrication de fuselages d’hélicoptères.
Le groupe français Armaris espère aussi pousser
la vente de sous-marins Scorpène au Brésil.
La France s’intéresse d’autre part à
l’achèvement éventuel de la construction de la troisième centrale nucléaire
brésilienne, Angra 3, une question qui est de nouveau d’actualité après les
incertitudes entraînées par la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie,
qui fournit au Brésil la moitié du gaz qu’il consomme.
En revanche, il paraît improbable que les deux
pays puissent rapprocher leurs positions dans les négociations de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui butent sur les subventions
agricoles. Dans une interview à la chaîne TV Globo, M. Chirac a contesté
l’idée que l’Europe soit “un marché protégé, fermé” et a réclamé “un effort”
du Brésil dans l’ouverture de ses services et de son industrie.