L’Opep en route pour un nouveau statu quo à Caracas

Par : Autres

 

L’Opep en route pour un
nouveau statu quo à Caracas

___________________________________

 

SGE.BGO87.290506103246.photo00.quicklook.default-245x165.jpg

Le président du
Venezuela Hugo Chavez, le 24 mai à Caracas

L’Opep devrait une nouvelle fois opter lors de
sa réunion jeudi à Caracas pour le statu quo et continuer ainsi d’engranger
les fruits d’une situation de forte production à des niveaux de cours
records, de son point de vue quasi-idéale.

 

Le plafond de production de l’Organisation des
pays exportateurs de pétrole est fixé au niveau très élevé de 28 millions de
barils par jour (mbj) depuis presque un an, sans que cela ait jusqu’ici
permis de renverser la vapeur sur les cours, obstinément perchés à plus de
70 dollars le baril. Le cartel fournit environ 40% du brut mondial.

 

La réunion, organisée cette fois à Caracas sur
invitation du gouvernement vénézuélien, devrait plutôt être l’occasion pour
les dirigeants de l’Opep de réaffirmer leur impuissance face aux accusations
des pays consommateurs: de leur propre aveu, le marché échappe depuis des
mois à leur contrôle.

 

Les cours actuels ne traduisent pas de pénurie
de pétrole -le brut, de l’avis général, abonde au contraire sur le marché-
mais l’inquiétude latente des acteurs du marché face à un futur perçu comme
de plus en plus incertain, laquelle est mise à profit par les spéculateurs.
Il subit aussi l’influence de facteurs géopolitiques ou techniques.

 

Une hausse de production n’apparaît néanmoins
pas probable. Même s’ils le voulaient, les pays de l’Opep ne pourraient
guère augmenter leur production, car la plupart, Arabie saoudite exceptée,
produisent déjà quasiment à plein régime. Leur production cumulée (avec
l’Irak, qui demeure exclu du système de quotas) a dépassé les 30 mbj en
avril, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE).

 

Le président vénézuélien Hugo Chavez pourrait
au contraire profiter de l’occasion, en tant qu’hôte de cette réunion, pour
plaider comme il l’a déjà fait fréquemment ces derniers mois pour des cours
plus élevés, voire pour une baisse de la production, estiment les analystes.

 

Mais il semble avoir peu de chances de
l’emporter face aux dix autres membres du cartel, plus soucieux de ne pas
envenimer les relations avec leurs gros clients, notamment occidentaux, et
de ne pas casser leur croissance et donc leur demande de pétrole à coups de
cours trop élevés.

 

“Etant donnée la tendance actuelle à la hausse
des prix mondiaux, il est peu probable que l’Opep décide de baisser son
plafond de production”, a déclaré samedi à Téhéran le ministre iranien du
Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh.

 

“Tant que les cours évoluent autour de 70
dollar le baril, la probabilité d’une baisse de production est littéralement
nulle”, approuve Phil Flynn, analyste de Alaron Trading.

 

“Bien sûr, M. Chavez va prôner autre chose dans
son discours d’ouverture mais comment penser qu’une majorité de pays Opep
pourraient (accepter) ? Je ne les vois pas se livrer à une telle
+provocation+ vis-à-vis des pays consommateurs. Cela me paraît absolument
impossible”, juge pour sa part Francis Perrin, rédacteur en chef de la revue
spécialisée Le pétrole et le Gaz Arabes.

 

A présent, l’Opep a passé sans encombre le cap
que ses responsables considèrent généralement comme le plus délicat dans
l’année: le deuxième trimestre, période où elle est généralement contrainte
de réduire sa production pour s’adapter à la baisse saisonnière de la
demande. Cette année comme l’an dernier, la demande a été si forte qu’elle a
renoncé à le faire.

 

Quoiqu’il en soit, le cartel demeure vigilant
face à tout signe de ralentissement, pour éviter les dégringolades de cours
subies dans le passé.

 

“Je pense que beaucoup des producteurs de l’Opep
vont se montrer préoccupés sur les questions de ralentissement de la
demande”, souligne Phil Flynn. “Donc cela ne me surprendrait pas s’ils
lançaient quelques allusions à la possibilité d’une baisse de la production
à un moment ou à un autre”, note-t-il.

 

 

© AFP 2006

Photo : Juan Barreto