Taittinger: l’indien United
Breweries jette l’éponge
___________________________________
Entrée de la maison
Taittinger à Reims, le 28 juin 2005
L’indien United Breweries a annoncé lundi le
retrait de son offre sur le français Taittinger, refusant d’être entraîné
dans une coûteuse surenchère tandis que des “négociations avancées” étaient
annoncées avec le Crédit agricole du Nord-Est.
La déclaration du groupe indien, troisième
producteur mondial de spiritueux, est intervenue quelques heures avant
l’annonce, par la société d’investissements américaine Starwood Capital,
qu’elle était entrée en “négociations avancées” avec le Crédit agricole du
Nord-Est pour la vente des activités vinicoles de Taittinger, qui comprend
notamment la maison de champagne.
Starwood a aussi révélé qu’elle avait reçu
“huit offres pour le Champagne Taittinger, incluant ou excluant les autres
activités”.
A Bangalore, dans le sud de l’Inde, Ravi
Nedungadi, président et directeur financier de United Breweries, a expliqué
que son groupe ne souhaitait pas se laissait entraîner dans une spirale à la
hausse.
“Nous voulions racheter la société à un prix
qui nous apparaît sensé, à nous et à nos actionnaires. Nous ne voulions pas
trop payer”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Nous avions évoqué dans nos business
plans un prix équitable”, a-t-il ajouté.
Des “groupes locaux ont amélioré leur offre”, a
déclaré à l’AFP Sunita Budhiraja, porte-parole du groupe. “Nous estimons
donc que (la nôtre) n’est plus valable”, a-t-elle ajouté, refusant de nommer
les “groupes locaux” concernés.
Le groupe Taittinger
Selon le journal français Les Echos de lundi,
le financier belge Albert Frère envisagerait de revenir dans la course au
rachat de Taittinger, neuvième producteur mondial de champagne.
“Selon nos informations, le patron de la
Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP) pourrait à nouveau étudier le
dossier, qu’il avait pourtant violemment refermé début avril en manifestant
en coulisse sa colère contre l’ostracisme que sa nationalité belge lui avait
valu”, affirme le quotidien économique.
Taittinger est mis en vente pour un montant
minimum de 500 millions d’euros. L’annonce du repreneur ne devrait pas
intervenir avant le 5 juin.
Selon Les Echos, le revirement d’Albert Frère
serait lié à l’annonce mardi de la candidature d’UB Group, pour une somme
évaluée à 600 millions d’euros.
Le financier belge “ne serait pas disposé à
surenchérir” sur cette offre, jugée trop élevée, mais “il pourrait réunir un
tour de table avec une partie de la famille Taittinger et proposer un prix
intermédiaire entre celui de United Breweries et les 525 millions d’euros
que le Crédit Agricole Nord-Est et Pierre-Emmanuel Taittinger seraient prêts
à payer”, estime le journal.
L’offre indienne avait suscité une levée de
boucliers parmi les professionnels du champagne en France.
Bruno Paillard, président de la commission de
défense de l’appellation du Comité interprofessionnel des vins de champagne
(CIVC), avait évoqué son “inquiétude”. “L’Inde ne respecte pas le concept
d’indication d’origine comme en France avec les système des AOC
(Appellations d’Origine Contrôlée)”, avait-il dit.
“L’Inde est un formidable potentiel commercial,
mais le champagne n’y est toujours pas protégé. Cela me gêne”, avait
également déclaré le président du Syndicat général des vignerons, Patrick Le
Brun.
