Michelin souffre en Bourse
après le décès de son patron
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Une femme dépose des
fleurs devant le portrait d’Edouard Michelin, le 28 mai 2006 devant le
siège social du groupe à Clermont-Ferrand
L’action Michelin a souffert lundi des
incertitudes qui entourent la stratégie du leader mondial des pneumatiques
après le décès de son patron Edouard Michelin, alors que le capital du
groupe reste étroitement contrôlé par la famille, selon des analystes.
A 12H35, l’action perdait 0,20% à 51,10 euros
dans un marché en baisse de 0,43% à 5.023,31 points. Le titre avait perdu
près de 2% à l’ouverture.
“La position de PDG est traditionnellement
assurée par un membre de la famille Michelin”, rappelle Petra Horn, analyste
chez Exane BNP Paribas, en soulignant que le groupe auvergnat est l’un des
rares du CAC 40 régi par le statut juridique de “société en commandite par
action”, et qu’il est donc contrôlé à 100% par la famille.
Pour Francis Prêtre, analyste du Crédit
Mutuel-CIC, “une grande période d’incertitude s’ouvre” car aucun membre de
cette famille, “parmi les cinq frères et soeurs, ne semble à même de
succéder à Edouard”.
Avec lui, le leader mondial des pneumatiques
avait “significativement infléchi” sa stratégie pour monter en gamme vers
des produits plus rentables, rappelle M. Prêtre.
Le PDG avait aussi déployé le groupe dans des
pays en forte croissance, comme la Chine, et avait réduit de 10% les
effectifs dès 1999 afin de réduire les coûts de production, observe Bruno
Lapierre, analyste chez CA Cheuvreux.
Résultat, le groupe centenaire est resté l’un
des piliers du CAC 40, avec un cours de Bourse doublé en trois ans, alors
que la récente progression des prix du caoutchouc risquait de compromettre
sa rentabilité.
Le gérant de Michelin,
Michel Rollier, le 28 mai 2006 à Clermont-Ferrand
Les analystes sont cependant confiants dans la
capacité de Michel Rollier, 62 ans, devenu le seul gérant, à assurer la
transition avant l’arrivée d’un successeur à Edouard Michelin.
“Bien connu de la communauté financière” car il
a été directeur financier de 1999 à 2005, il rassure aussi par sa “profonde
connaissance du groupe”, note Petra Horn.
Son père François a fait partie de l’équipe
dirigeante du groupe, de 1966 à 1991, aux côtés de François Michelin, le
père d’Edouard, rappelle Bruno Lapierre.
Michel Rollier a assuré dimanche que l’avenir
de l’entreprise était “assuré”. “Nous allons continuer dans la fidélité à
tout ce qu’a fait Edouard Michelin depuis dix ans”, a-t-il ajouté. Le groupe
devait réunir lundi soir un conseil d’administration.
Le rôle de l’actuel directeur financier, Jean
Dominique Senard, déjà en charge du récent plan de réduction des coûts, sera
sans doute renforcé, afin d’aider Michel Rollier au sein d’un groupe habitué
à un mode de gestion collégial, estime M. Lapierre.
Francis Prêtre juge par ailleurs “probable” que
l’ancien co-gérant René Zingraff soit appelé à la rescousse “pour faire face
à la tempête”.