Vodafone essuie une perte record mais contente ses actionnaires

Par : Autres

 

Vodafone essuie une perte
record mais contente ses actionnaires

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Un homme passe devant
une publicité pour Vodafone à Londres, le 30 mai 2006

Le géant mondial de la téléphonie mobile
Vodafone a fait passer, mardi, la pilule de la perte record essuyée sur
l’exercice achevé fin mars, en distribuant plus d’argent que prévu à ses
actionnaires et en présentant une nouvelle stratégie.

 

Malgré une perte nette de 21,9 milliards de
livres (32,2 milliards d’euros), l’une des plus importantes jamais
enregistrées dans le monde, l’action du groupe britannique progressait de
2,36% à 122,58 pence à 10H40 GMT à la Bourse de Londres, dans un marché en
baisse de plus de 1%.

 

“Les investisseurs devraient se réjouir de la
hausse du dividende et du recentrage sur le contrôle des coûts et la
croissance des revenus”, a commenté Robert Grindle, analyste de la banque
Dresdner Kleinwort Wasserstein.

 

Vodafone va leur distribuer neuf milliards de
livres contre six précédemment annoncés. La perte nette était en outre
largement attendue, le groupe britannique ayant prévenu en février qu’il
procéderait à des dépréciations d’actifs massives dans ses comptes annuels.

 

Comme d’autres, Vodafone avait multiplié les
acquisitions au moment de la bulle technologique de la fin des années 1990,
rachetant des entreprises à un prix dopé par les spéculations de l’époque.

 

La valeur de ces actifs, en particulier ceux de
l’allemand Mannesman rachetés en 2000 pour plus de 100 milliards de livres,
a été revue à la baisse de 23,5 milliards. Deutsche Telekom et France
Télécom ont déjà procédé à ce genre d’ajustements.

 

En excluant les dépréciations d’actifs, le
bénéfice net de Vodafone progresse de 6,8% 6,3 milliards de livres, pour un
chiffre d’affaires en hausse de 10% à 29,4 milliards.

 

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Le directeur général de
Vodafone, Arun Sarin, lors d’une conférence de presse à Tokyo le 18
mai 2006

Le directeur général de Vodafone, Arun Sarin,
devait présenter sa nouvelle stratégie lors d’une conférence de presse à
12H00 GMT. Il est sous pression depuis quelques mois après avoir prévenu que
sa marge d’exploitation et la croissance de ses revenus allaient se réduire
en 2006 et 2007. Ces avertissements ont fait perdre 13,7% à l’action du
groupe depuis un an à la Bourse de Londres.

 

La vente récente de Vodafone Japon lui a donné
un bol d’air et les moyens de contenter les actionnaires, mais la saturation
des marchés en Europe de l’Ouest et la nécessité de se développer dans les
pays émergents, ainsi que dans la convergence entre réseaux GSM et réseaux
internet wifi, sont autant de défis à relever.

 

Vodafone, qui compte 171 millions de clients et
pèse 75 milliards de livres, compte réduire ses coûts en Europe en
supprimant des emplois et en externalisant ou en centralisant certains
services. Il veut aussi y relancer ses revenus en diminuant ses tarifs.

 

Ses clients allemands pourront ainsi utiliser
leurs portables au tarif local dans un rayon de deux kilomètres autour de
leur domicile, en basculant sur un réseau internet wifi loué par Arcor,
filiale de téléphonie fixe de Vodafone en Allemagne que le groupe avait un
temps envisagé de vendre.

 

Ce service a vocation à être étendu à toute
l’Europe de l’Ouest, ce qui devrait nécessiter d’autres locations de réseaux
plutôt que le rachat de fournisseurs d’accès à internet.

 

Pour profiter du faible taux de pénétration du
mobile dans les pays émergents, synonyme de belles perspectives de
croissance, Vodafone y a déjà renforcé sa présence, en rachetant l’opérateur
roumain MobiFon, le tchèque Oskar Mobile et le turc Telsim. Il a aussi pris
une participation de 10% dans l’indien Bharti Tele-Ventures et le contrôle
du sud-africain Vodacom.

 

Pour poursuivre dans cette voie, certains
actionnaires poussent le groupe à céder sa participation de 45% dans
l’américain Verizon Wireless, valorisée jusqu’à 50 milliards de dollars.
Mais Arun Sarin a indiqué mardi qu’il était toujours “content” de son
investissement américain, qui devrait continuer à prendre de la valeur “sur
les deux prochaines années”.

 

La perte nette annuelle de 32,2 milliards
d’euros annoncée par Vodafone compte parmi les plus importantes jamais
enregistrées dans le monde par une entreprise tous secteurs confondus.

 

Le haut de ce classement est occupé par des
entreprises du secteur des télécom et des médias, qui ont payé très cher
l’éclatement de la “bulle” internet et technologique née à la fin des années
1990 et au début de la décennie en cours. Une période d’euphorie au cours de
laquelle elles avaient multiplié les acquisitions à des tarifs excessifs.

 

Les pertes s’expliquent par le fait que les
groupes ont dû au bout d’un moment revoir sensiblement à la baisse dans
leurs comptes la valeur de leurs actifs, le géant américain AOL/Time Warner
continuant à détenir à ce jour la palme toutes catégories.

 

Voici les principales pertes financières
d’entreprises répertoriées ces dernières années:

 

– AOL/Time-Warner: 100 milliards de dollars
(2002)

– Vodafone: 21,9 milliards de livres ou 32,2
milliards d’euros (2005/06)

– Deutsche Telekom: 24,6 milliards d’euros
(2002)

– France Télécom: 20,7 milliards d’euros (2002)

– Vivendi Universal: 23,3 milliards d’euros
(2002)

– mm02 (ex-British Telecom): 10,15 milliards de
livres ou 14,8 milliards d’euros (2002)

– General Motors: 10,6 milliards de dollars
(2005)

– KPN: 9,5 milliards d’euros (2002

 

© AFP 2006

Photo : Carl de Souza – Toru
Yamanaka