L’ancien patron de Daewoo
condamné à dix ans de prison pour fraude
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Kim Woo-Choong (au
centre), le patron de Daewoo, devant le cour de justice de Séoul, le
14 juin 2005
L’ancien patron du géant sud-coréen Daewoo, Kim
Woo-choong, a été condamné mardi par la justice sud-coréenne à dix ans de
prison et au remboursement d’un vingtaine de milliards de dollars pour sa
responsabilité dans la faillite retentissante de son empire en 1999.
M. Kim, 69 ans, a été reconnu coupable de
fraude comptable, de détournement de fonds et de transferts illicites de
fonds à l’étranger. Il a en revanche été acquitté du chef de corruption de
responsables gouvernementaux.
Le tribunal du district de Séoul-centre l’a
condamné à rembourser la somme astronomique de 22,5 milliards de dollars et
à verser une amende d’une dizaine de milliers de dollars.
Le fondateur de l’empire sud-coréen était
accusé d’avoir gonflé les actifs du groupe, une des plus importantes de
l’Histoire avec 80 milliards de dollars de dettes, soit plus que les
scandales entourant les groupes américains WorldCom ou Enron.
La défense de l’ancien patron a annoncé qu’elle
allait faire appel. Le ministère public, qui avait requis 15 ans de prison,
a indiqué qu’il envisageait de faire également appel.
M. Kim pouvait théoriquement encourir une peine
de prison à perpétuité mais son état de santé défaillant a joué en sa
faveur, tout comme sa contribution par le passé à la croissance économique
de la Corée du Sud, selon les experts.
“Il mérite une sanction sévère car ses
activités illégales… ont provoqué des pertes auprès de créanciers ainsi
que l’effondrement du groupe Daewoo, déclenchant l’injection d’immenses
fonds publics”, a estimé la cour dans les attendus du jugement.
L’arrestation de Kim
Woo-choong à l’aéroport d’Inchon à Séoul, le 14 juin 2005
L’ancien PDG ne sera cependant pas incarcéré
avant le 28 juin, afin de lui permettre de rester à l’hôpital pour y
poursuivre son traitement. L’homme d’affaires a subi un pontage cardiaque.
Il avait été arrêté le 14 juin à Séoul après
avoir mis fin à six ans de cavale en revenant de son propre chef dans la
capitale sud-coréenne. Il avait alors assuré qu’il était prêt à “assumer
toute la responsabilité” de la faillite de son groupe.
L’ancien patron était en particulier accusé
d’avoir ordonné à ses cadres de gonfler les actifs du groupe de 41 milliards
de dollars afin d’obtenir un prêt de 9,9 milliards de dollars.
Sept anciens responsables de Daewoo avaient été
condamnés en 2001 jusqu’à 7 ans de prison en Corée du Sud pour détournements
de fonds. Quatre d’entre eux ont bénéficié d’une grâce présidentielle.
Le scandale Daewoo avait eu un retentissement
particulier en France et en particulier en Lorraine (est), où le Sud-Coréen
voulait faire sa tête de pont européenne au milieu des années 90. Daewoo
avait installé trois unités de fabrication “ultramodernes” de tubes
cathodiques et de fours à micro-ondes qui avaient employé jusqu’à 1.300
personnes, dont 400 intérimaires.
Pour financer ses investissements en Lorraine,
le groupe coréen avait bénéficié d’importantes aides publiques ainsi qu’une
exonération de taxes foncières et professionnelles.
Kim Woo-Choong avait obtenu la nationalité
française et reçu les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur.
A la chute de Daewoo, les unités lorraines
ferment une à une. La dernière usine, occupée par les salariés, brûle le 23
janvier 2003 signant la fin de Daewoo en Lorraine.
De nombreux ex-salariés lorrains avaient
réclamé que l’ancien patron soit jugé en France.