Lycéens pendant
l’épreuve du bac de philo dans une classe du lycée Aragon, le 9 juin
2005 à Givors
“33.000 visiteurs depuis quatre semaines sur notre blog de révision du bac:
ils bachotent en ligne”: pour ce webmaster, l’usage d’internet pour réviser
le programme du bac est devenu un réflexe, même si lycéens et professeurs
admettent que rien ne remplace les cours et les manuels.
“Pour la génération qui passe le bac, réviser sur internet paraît assez
naturel”, explique Vincent Olivier, fondateur du webpedagogique.com, un site
moteur de recherche consacré aux programmes scolaires et agrémenté d’un blog
spécialement dédié au bac.
Chaque jour, les candidats y trouvent trois ou quatre articles, rédigés par
des enseignants sur un sujet déjà tombé ou une notion, accompagnés de liens
vers des sites plus détaillés.
“Ca donne du rythme aux révisions, une impulsion pour faire d’autres
recherches, ça leur permet de gagner du temps”, assure M. Olivier.
Nombreux sont en effet les élèves tentés par la simplicité de la toile, dont
le caractère ludique fait oublier ce qu’ils ne pourront pourtant éviter:
l’apprentissage par coeur et l’application de la théorie à des exercices
pratiques.
“Evidemment, ça va plus vite de réviser sur internet qu’avec les cours, mais
je pense que ça ne peut être qu’une aide, ça ne peut pas remplacer deux
heures de travail sur un manuel”, nuance d’ailleurs Renée Pichard, du
syndicat enseignant Snalc-CSEN.
Il est vrai que les dizaines et dizaines de sites et de blogs qui proposent
des fiches toutes faites, des règles de vocabulaire, de grammaire, des
conseils méthodologiques, des recommandations pour une alimentation
optimisée, voire des pronostics sur les sujets, sont de qualité très
variable.
Certains d’entre eux, complets et interactifs, sont le fait d’enseignants,
mais un grand nombre d’autres ne le sont pas. Le risque demeure donc, à
quelques jours de l’échéance, de perdre une après-midi à surfer, pour une
efficacité finalement discutable.
Comme la totalité de ses camarades de terminale ES, Quentin, 17 ans, est
très friand d’internet. “En histoire, il y a pas mal de ressources, des
encyclopédies, sinon, on peut aussi trouver des résumés déjà faits, très
concis, ça fait gagner du temps”, estime-t-il.
Ce lycéen syndiqué à l’Union nationale lycéenne (UNL) s’est beaucoup
impliqué dans la contestation du CPE. “En cumulé”, dit-il, il lui manque
quinze jours à trois semaines d’assiduité et, même si “ce n’est pas
irratrapable” par les méthodes traditionnelles, “internet est très
pratique”.
Le jeune homme admet que le cours du prof “reste la base absolue pour les
révisions” et précise d’ailleurs n’avoir “pas encore entendu un prof
recommander un site internet pour les révisions”. Toutefois, cette année,
certains profs ont conseillé des sites à leurs élèves.
“Internet permet de présenter les choses autrement, ça peut débloquer
certains élèves mais ce n’est pas une panacée et certains préfèrent
travailler sur les bouquins”, assure ainsi Pierre Puiségur, prof de maths
dans un lycée de région parisienne.
Pour canaliser l’anarchie électronique, cet enseignant en 1e et terminale a
choisi de mettre lui-même en ligne, à l’adresse des élèves de son lycée, des
sujets corrigés ou commentés.
Et selon lui, la “fracture internet” demeure la dernière résistance à un
usage plus général. “Ceux qui n’ont pas internet chez eux peuvent aller en
bibliothèque, où il y a un bonne dizaine de postes, mais ce n’est jamais
suffisant”, regrette-t-il.