De folles
rumeurs prêtent, ces jours-ci, au Département de la privatisation,
l’intention de lancer un appel d’offres pour sélectionner la banque
d’affaires qui aura à aider l’administration à privatiser la chaîne publique
de grandes surfaces «Le Magasin Général». Renseignement pris auprès de
sources officielles, il n’en est rien. Il s’agit de purs «bruits de
couloirs».
L’Etat, qui a inscrit depuis 2004 cette entreprise sur la liste des
établissements privatisables, est toutefois toujours déterminé à se
désengager définitivement du circuit de la distribution, en cédant les 76,3%
qu’il détenait par le biais d’entreprises publiques (OCT et BNA) dans le
capital de cette entreprise, introduite en Bourse depuis septembre 1999.
Selon la même source, le dossier fait actuellement l’objet d’une sollicitude
particulière. Il est examiné dans les moindres détails par un groupe de
travail.
En attendant, la chaîne publique a décidé de se moderniser et vient d’ouvrir
son 44ème point de vente, dans un quartier chic de Tunis (El Menzah 6)
pour un coût de 2,4 millions de dinars. Ce magasin, d’une superficie de 3400
m2, est un des plus modernes du groupe. Il est équipé d’un réseau Wifi et de
caisses intelligentes, intégrées et automatiques.
C’est que la chaîne se porte merveilleusement bien. Ses performances en
témoignent. En 2005, les résultats nets ont augmenté de 23% (3,118 millions
de dinars) et le chiffre d’affaires de 10,75% (152,201 millions de dinars).
La cession de cette chaîne à un partenaire stratégique ne manquera pas de
renforcer le paysage de la Grande distribution en Tunisie qui assure 10 à
15% du marché. Le total des charges d’exploitation s’est inscrit en hausse
de 10,42% (150,840 millions de dinars).
A terme, le marché de la grande distribution devrait être structuré en trois
pôles, le premier piloté par Promodes (hypermarché Carrefour et supermarchés
champion) et le second par Casino (hypermarché Géant et grandes surfaces de
la chaîne Monoprix).
Le troisième pôle devrait, selon toute vraisemblance, être conduit lui aussi
par un acheteur étranger et absorbera la chaîne étatique «Magasin Général’’
(plus de 30% du marché).
La Tunisie compte sur les distributeurs étrangers pour moderniser son
commerce et les encourage à s’implanter sous certaines conditions : création
d’emplois, quota de produits locaux, transfert limité de devises.
Promodes (Carrefour) et Casino (Géant), semblent s’accommoder de ces
contraintes en attendant les négociations avec l’Union européenne sur la
libéralisation des services.
Parallèlement aux hypermarchés, des centres commerciaux, de taille variable,
se sont développés dans le Grand Tunis et notamment dans des zones à fort
pouvoir d’achat. Citons le Palmarium à Tunis, le centre Zéphyr à La Marsa,
le centre Makni à El Manar, le centre Tej Marhaba à Sousse…
La grande distribution (plus de 10% de la distribution totale actuellement)
a de beaux jours devant elle avec 10% de taux de croissance par an, selon
une étude de marché.
Le Grand Tunis est capable d’abriter quatre hypermarchés sur un total de dix
prévus en Tunisie, selon une étude menée sur l’implantation des
hypermarchés.
Le secteur de la grande distribution à dominante alimentaire est constitué
de 189 magasins : Magasin Général (45 supermarchés), Bonprix (43
supermarchés/supérettes), Monoprix (40 supermarchés), le Passage (7
supermarchés/6 supérettes), Promogro (4 supermarchés), Carrefour (1
hypermarché) Champions (2 grandes surfaces) et quelques supermarchés
indépendants. Ces grandes surfaces ont une taille moyenne de 900 m2 pour les
magasins situés dans la capitale et de 600 m2 pour ceux établis à
l’intérieur du pays.
Le développement du secteur se fera cependant au grand dam des petits
commerces de quartiers qui se composent de quelque 250.000 échoppes et fait
travailler 450.000 employés.
Le petit commerce conserve un poids économique très important : il réalise
près de 85% du chiffre d’affaires du secteur et propose le plus souvent une
large offre de produits (épicerie, boissons, boulangerie, tabac).
Compte tenu de la faiblesse relative du pouvoir d’achat des Tunisiens,
notamment en dehors de la Capitale, l’épicier reste un élément indissociable
du paysage urbain et rural. Il offre de nombreux services aux clients : la
proximité, le crédit. Mieux, il est ouvert 16h sur 24.