Vente de Taittinger:
l’Américain Starwood a choisi le favori des syndicats
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Entrée de la maison
Taittinger à Reims, le 28 juin 2005
Sauf rebondissement de dernière minute, la
maison de champagne Taittinger devrait finalement revenir au Crédit Agricole
du Nord-Est, appuyé par une partie de la famille Taittinger, une candidature
du cru qui a le soutien des syndicats et des vignerons.
La vente devrait être signée “dans les heures
qui viennent”, une fois que le comité d’entreprise de Taittinger – réuni
mercredi à partir de 15HOO à Reims – se sera prononcé, a-t-on appris
mercredi de sources concordantes.
On se montre “confiant” du côté de la famille
Taittinger, qui est la “caution morale” dans le montage avec le Crédit
Agricole: “elle rassure les syndicats et les acteurs locaux”, a indiqué une
source proche du dossier.
Le fonds d’investissement américain Starwood
Capital, qui a racheté en juillet l’ensemble du groupe Taittinger, ne
souhaitait conserver que le pôle hôtelier et a engagé mi-mars la vente de
ses activités viti-vinicoles, qui comprend la célèbre maison de champagne.
Dimanche soir, il a annoncé être en
“négociations avancées” avec le Crédit Agricole du Nord-Est.
Le logo du Crédit
Agricole devant la cathédrale de Reims
Selon une seconde source proche du dossier, il
était opposé au producteur catalan de champagne Freixenet, au groupe indien
United Breweries, à la maison de champagne familiale Thiénot et à plusieurs
fonds d’investissement, dont le britannique Lion Capital, spécialisé dans
les vins et spiritueux.
“Les autres projets n’étaient pas bien vus par
la région, et posaient donc un vrai risque d’approvisionnement”, a expliqué
cette source.
En effet, la maison Taittinger détient en
propre 288 hectares de vignoble, qui assurent la moitié de sa production
(4,5 millions de bouteilles par an), mais elle dépend des vignerons pour le
reste de son approvisionnement.
Pour un candidat ne bénéficiant pas de leur
soutien, “il y avait un vrai aléa et le vendeur en était parfaitement
conscient”, a-t-elle poursuivi.
La perspective que Taittinger tombe dans
l’escarcelle d’United Breweries, alors que l’Inde ne respecte pas le concept
d’indication d’origine, avait soulevé l’inquiétude dans la région, poussant
la firme à se retirer juste avant que ne soit révélé le nom du favori.
De même, le financier belge Albert Frère, un
temps candidat, avait claqué la porte, se disant victime d’un ostracisme
anti-belge.
Le groupe Taittinger
Starwood “n’avait pas envie d’avoir une
transaction à remous, sachant qu’il vient de faire un énorme investissement
en France”, a expliqué la source proche. “Le groupe Crédit Agricole et la
famille, c’est le schéma idéal pour lui, en terme de réputation”, a-t-elle
ajouté.
Autre argument: le soutien du personnel à une
candidature qui “assure une sorte de continuité” en associant à sa reprise
Pierre-Emmanuel Taittinger, neveu de Claude, PDG de la maison de champagne.
Enfin, Starwood voulait “être sûr que la
transaction aboutisse”. Or le Crédit Agricole du Nord-Est, qui dispose de 2
milliards d’euros de fonds propres, est une caisse “riche, avec beaucoup de
ressources”.
C’est déjà elle qui a financé le rachat fin
2005 de Lanson International par le groupe Boizel, Chanoine, Champagne (BCC).
“C’est la caisse qui procède à l’achat, ce qui
ne veut pas dire que le capital ne sera pas amené à évoluer, mais pas
forcément à très court terme”, a expliqué la source proche du dossier.
