USA: Henry Paulson devrait
maintenir la politique actuelle vis-à-vis du dollar
___________________________________
Le nouveau secrétaire
au Trésor américain Henry Paulson avec le président George W. Bush, le
30 mai 2006 à la Maison Blanche
La nomination de Henry Paulson comme nouveau
secrétaire au Trésor américain ne devrait pas changer la politique de
l’administration républicaine américaine d’affaiblissement contrôlé du
dollar, selon plusieurs analystes.
L’annonce du choix du président Bush mardi a
provoqué une légère remontée momentanée du billet vert. La nomination de
Henry Paulson, jusqu’alors PDG de la banque d’affaires Goldman Sachs, “a
réveillé le souvenir de Robert Rubin, également un ancien de Goldman Sachs,
secrétaire au Trésor dans l’administration Clinton et architecte de la
politique du dollar fort”, a souligné Jay Bryson de la banque Wachovia.
Mais ce sursaut a été bref, le recul de
l’indice de la confiance des consommateurs pour mai faisant presque aussitôt
baisser la devise américaine.
Elle s’affichait mardi soir à New York à 1,2867
dollar pour un euro contre 1,2745 lundi alors que les deux monnaies étaient
encore à parité à la mi-2003 peu après l’arrivée au Trésor de John Snow
aujourd’hui démissionnaire.
Ce dernier a pourtant répété sur tous les tons
qu’une “politique du dollar fort est dans le meilleur intérêt des
Etats-Unis”.
Cette politique est en fait un héritage de
Robert Rubin qui en prononçant cette phrase devenue rituelle “signalait que
le Trésor n’interviendrait pas sur les marchés pour faire baisser le
dollar”, rappelle Jay Bryson.
“Cela donnait aux investisseurs étrangers
l’assurance qu’ils pouvaient continuer d’investir leurs capitaux aux
Etats-Unis sans craindre qu’ils soient dévalués par la dépréciation du
dollar”, selon lui.
John Snow, en précisant que les marchés restent
toutefois maîtres de l’évolution des taux de change, a renforcé cette
politique de non-intervention ce qui a, paradoxalement, abouti à faire
baisser la devise américaine.
Selon Nicole Miller, analyste chez AG Edwards,
“la plupart des intervenants du marché pensent toujours que l’administration
américaine est en faveur d’un dollar faible, qui pourrait aider à réduire
l’énorme déficit commercial et à renforcer l’économie américaine”.
Il s’agira pour Henry Paulson, fort de
l’expérience des marchés financiers acquise à Wall Street, de continuer cet
exercice d’équilibriste.
“Aucun secrétaire au Trésor ne serait assez
audacieux pour appeler de ses voeux un dollar faible car une telle prise de
position pourrait déclencher une fuite des capitaux étrangers entraînant une
remontée significative des taux d’intérêt à long terme américains avec le
risque de plonger l’économie dans la récession”, souligne Jay Bryson.
Si la nomination de Paulson visait à mieux
vendre la politique économique de la Maison Blanche, cette tâche pourrait
également s’avérer plus difficile que prévu.
Wall Street a salué son arrivée par une forte
baisse de ses indices vedettes mardi et le recul de l’indice de confiance
des consommateurs montre que, malgré la forte croissance et le faible
chômage, la hausse vertigineuse des prix de l’essence commence a assombrir
l’humeur des consommateurs.
Plus que le dollar, c’est le yuan, la devise
chinoise, qui risque d’occuper l’esprit du nouveau secrétaire au Trésor.
Grand connaisseur de la Chine, il va devoir continuer les efforts de son
prédécesseur pour convaincre les autorités de Pékin de réévaluer leur
monnaie.
La pression est de plus en plus forte au
Congrès et chez les industriels américains pour dénoncer une politique de
changes considérée comme déloyale de la part de Pékin et source du colossal
déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine.
L’association des industriels américains (NAM)
a rendu mardi un hommage appuyé à John Snow, soulignant que “lorsqu’il a
commencé à demander à la Chine de laisser sa devise s’apprécier, il était
l’un des seuls mais aujourd’hui (…) presque tout le monde l’a rejoint”. Un
compliment en forme d’avertissement pour son successeur.