Nouveau recul du moral des
ménages français en mai
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L’évolution du moral
des ménages français depuis un an
Le moral des ménages français a de nouveau
reculé en mai, avec un indicateur qui a baissé de trois points pour
s’établir à -30 points, son plus bas niveau depuis décembre 2005, a indiqué
mercredi l’Insee.
Cet indicateur s’était établi à -27 points en
avril et -26 points en mars, en données corrigées des variations
saisonnières.
Tous les soldes d’opinion (écart entre
optimistes et pessimistes) composant cet indicateur résumé “sont en recul”
au mois de mai, commente l’Institut national de la statistique et des études
économiques.
Les soldes sur la situation financière
personnelle des ménages passée et future sont orientés à la baisse, de même
que l’opinion des ménages sur le niveau de vie passé et futur en France.
Ce regain de pessimisme aboutit à un plongeon
du solde d’opinion sur l’opportunité d’acheter, qui chute de sept points sur
le mois, ajoute l’Institut.
En revanche, l’opinion des ménages sur
l’évolution du chômage “continue à s’améliorer” en mai, moins de Français
prévoyant une hausse du nombre de chômeurs. Leur opinion sur leur situation
financière actuelle reste stable.
Les économistes s’accordent pour observer que
la baisse du chômage, pourtant prise en compte par les ménages, n’a pas eu
d’impact décisif sur leur moral et donc sur l’opportunité d’acheter.
La “baisse du chômage, qui s’observe
conjointement à une remontée des salaires réels, aurait dû se traduire par
une hausse du moral des consommateurs. Or il n’en a rien été”, note
Alexandre Bourgeois, de Natexis Banques Populaires.
L’économiste y voit notamment la conséquence
d’une “situation sociale et politique délétère” qui pèse sur la confiance
des acteurs économiques et de la hausse du prix du pétrole qui “préoccupe
les consommateurs français”.
Nicolas Bouzou, de l’institut d’études Xerfi,
évoque de son côté un “sentiment paradoxal” qui domine chez les ménages
français: tout en croyant à la baisse du chômage, ils “demeurent pessimistes
quant à l’économie de leur pays”.
Estimant que la hausse des prix des carburants
“a certainement eu un impact négatif”, Nicolas Bouzou juge toutefois que “le
mal semble plus profond”.
Mathieu Kaiser, de BNP Paribas, constate que
“contrairement aux attentes, la confiance des ménages ne s’est pas redressée
en mai”.
Selon lui, “l’évolution récente des prix semble
être l’origine principale” des évolutions du moral des ménages. “Les
inflations perçue et anticipée ont très nettement augmenté, témoignant de
l’impact que le choc pétrolier prolongé finit par avoir sur la confiance des
ménages”, souligne-t-il.
Dans l’enquête de l’Insee publiée mercredi, les
ménages continuent à penser qu’il est opportun d’épargner et sont plus
optimistes qu’en avril sur leur capacité future à le faire.
Leur sentiment sur l’évolution passée et future
des prix “évolue défavorablement” en mai et davantage de personnes
s’attendant à une accélération de l’inflation dans les prochains mois.
Toutefois, les économistes divergent sur
l’impact de l’évolution du moral des ménages sur la consommation.
Pour Alexandre Bourgeois, “ce nouveau
fléchissement du moral des ménages confirme que si la consommation reste
indubitablement le principal renfort de la croissance française, pour
autant, ce moteur est fragile”.
Mais Nicolas Bouzou note qu’un décrochage
semblable de l’indice relatif à l’opportunité d’acheter s’était produit en
juin 2005, mais que la consommation de produits manufacturés avait nettement
augmenté ce même mois. “Même quand ils dépriment, les Français consomment”,
affirme-t-il en conséquence.