L’Opep s’oriente vers un
statu quo sur fond d’apaisement géopolitique
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Le ministre du pétrole
saoudien Ali al-Nouaïmi (c), arrive au sommet de l’OPEP à Caracas, le
31 mai 2006
L’Opep devrait sauf revirement de dernière
minute décider jeudi de maintenir inchangé son plafond de production au vu
du niveau des cours, toujours très élevés malgré l’éclaircie tout juste
apparue dans le difficile dossier nucléaire iranien.
Les ministres et représentants des onze pays
membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se
réunissent formellement jeudi à Caracas sur invitation du président Hugo
Chavez, après deux jours de consultations.
La plupart d’entre eux ont déjà laissé entendre
qu’ils ne voyaient à l’heure actuelle aucune raison de modifier leur quota
de production, fixé depuis près d’un an à 28 millions de barils par jour (mbj).
“Je ne pense pas que je serais d’accord pour
une baisse maintenant car à 72 dollars (le baril), cela n’est pas justifié,
et je pense que l’Opep va choisir le statu quo à cette réunion”, a résumé
mercredi le ministre qatariote de l’Energie, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah.
Le comité de surveillance des marchés (MMSC) de
l’Opep, un comité interne dont les avis consultatifs sont souvent suivis par
le cartel, va lui aussi recommander le “maintien” des quotas, a appris
mercredi l’AFP de source proche de la réunion.
Même le Venezuela, cinquième exportateur
mondial et traditionnel défenseur de prix élevés, a indiqué qu’il
s’abstiendrait cette fois de réclamer une baisse de production.
Il est “trop tôt” pour envisager une baisse de
la production, a expliqué le ministre de l’Energie Rafael Ramirez, tout en
estimant “possible” qu’elle intervienne “d’ici septembre”. La prochaine
réunion ordinaire du cartel est prévue le 11 septembre à Vienne: les
ministres ne prévoient pas pour le moment de se réunir à nouveau d’ici là,
mais pourraient convoquer une réunion d’urgence si nécessaire.
“Il semble que nous devrions renforcer un
message de stabilité sur le marché pétrolier et les discussions de la
conférence vont tourner autour de cela”, a expliqué M. Ramirez.
La gouverneur de l’Opep
pour le Koweït Siham Razzouqi (c) à son arrivée au sommet de l’Opep à
Caracas, le 30 mai 2006
Le chef de file de l’Opep, le ministre saoudien
du pétrole Ali al-Nouaïmi n’a toutefois encore rien dévoilé de ses
intentions lors de son arrivée à Caracas mercredi.
Le cartel pétrolier, qui fournit environ 40% du
brut mondial, ne cesse de répéter depuis des mois qu’il fait tout son
possible pour calmer le marché mais que celui-ci subit l’influence de
facteurs qui ne dépendent pas de lui, en premier lieu les tensions
géopolitiques (Iran, Irak…) et le manque de capacités de raffinage dans
les pays consommateurs.
Les cours du pétrole se sont nettement repliés
mercredi après l’annonce historique par les Etats-Unis de leur disposition à
discuter directement avec l’Iran de son dossier nucléaire.
Mais la prudence reste de mise parmi les
opérateurs, et les prix ne sont pas parvenus à descendre sous la barre des
70 dollars.
Une rencontre sur l’Iran entre ministres des
Affaires étrangères du conseil de sécurité de l’Onu plus l’Allemagne est
prévue jeudi à Vienne.
Ces derniers jours, Téhéran a donné des signes
d’ouverture et mercredi, Washington a annoncé que les Américains étaient
prêts, pour la première fois depuis plus de 26 ans, à s’entretenir
directement avec des responsables iraniens mais à condition que Téhéran
suspende son programme nucléaire.
Selon les analystes, cette perspective a
diminué les craintes d’une escalade de la crise qui risquerait de réduire
les exportations iraniennes, estimées à 2,7 millions de barils par jour (mbj).
Le risque d’escalade contribue à faire monter les cours depuis le début de
l’année.