L’Opep choisit le statu quo
et reste sur le qui-vive
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Le président du
Venezuela Hugo Chavez lors de la conférence de l’Opep à Caracas, le
1er juin 2006
L’Opep a décidé lors de sa réunion
ministérielle jeudi à Caracas de reconduire le statu quo sur son niveau de
production bien que le pétrole abonde sur le marché, et prévenu qu’elle
demeurait en alerte face aux périls qui guettent le marché.
Avec des cours qui continuent d’être “élevés”
-plus de 70 dollars le baril- et “instables”, la seule décision possible
était le maintien du plafond, ont expliqué en substance les ministres des 11
pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.
Le plafond de l’Opep demeure donc fixé à 28
millions de barils par jour (30 mbj avec l’Irak exclu du système de quotas),
un niveau inchangé depuis près d’un an.
En comptant l’Irak, la production de l’Opep est
actuellement à un niveau quasi record, autour de 30 mbj, soit environ 40% du
brut mondial. En pompant à ce rythme, les pays producteurs s’assurent des
recettes financières inédites.
Les représentants du cartel étaient réunis au
Venezuela sur invitation du président Hugo Chavez et n’avaient guère laissé
planer de suspense sur leurs intentions pendant les deux jours de
consultations précédant la réunion.
“Cela s’est fait sans difficulté”, a déclaré le
représentant libyen et président de la Compagnie nationale de pétrole
Choukri Ghanem.
Même le Venezuela, hôte de la réunion et ardent
partisan de prix élevés, s’est cette fois abstenu de réclamer une baisse de
production, bien qu’il juge comme ses collègues que le marché est “sur
approvisionné”.
L’Opep en veut pour preuve le fait que les
stocks de brut dans les pays consommateurs ne cessent de se renflouer. Le
ministre de l’Energie vénézuélien Rafael Ramirez estime ce surplus à 1,5 mbj
et son homologue saoudien Ali Al-Nouaïmi à “environ 1 mbj”.
Selon l’Opep, les cours très élevés sont en
réalité à mettre au compte “des inquiétudes concernant un déficit des
capacités de raffinage à court et moyen terme, combinées à l’anxiété
concernant la possibilité pour les producteurs de satisfaire la demande
future”, selon le communiqué officiel.
Les pays membres de l’Opep
“L’instabilité est exacerbée par les
développements géopolitiques et la spéculation existant sur les marchés
pétroliers à terme”, selon le cartel. Les spécialistes s’inquiètent de
risques de forts cyclones dans le golfe du Mexique (Etats-Unis et Mexique)
et de nouvelles tensions liées à l’Iran.
Le ministre iranien du Pétrole Kazem Vaziri
Hamaneh a lui aussi estimé que l’offre est actuellement supérieure à la
demande, mais jugé que pour autant les cours ne devraient pas “reculer
fortement dans un futur proche” en raison de l’absence de matelas de
sécurité pour les capacités de production. Ce facteur tend à rendre les
marchés nerveux.
Les ministres ont aussi évoqué -brièvement
selon la Libye- la possibilité d’élargir leur cercle à d’autres membres, en
premier lieu l’Angola, le Soudan ou l’Equateur.
Le président Hugo Chavez, inaugurant la réunion
dans la matinée, avait vigoureusement plaidé pour un élargissement de l’Opep
afin de “libérer les pays en voie de développement”. L’Opep est une
organisation “anti-colonialiste et anti-impérialiste”, a-t-il lancé.
La plupart des pays membres ont fait part de
leur accord de principe, mais en remarquant que les statuts de l’Opep
exigent que les candidats doivent être de gros exportateurs de pétrole.
En revanche, sa suggestion d’une cotation du
baril de pétrole en euros et non plus en dollars n’a pas fait recette auprès
de l’Opep: elle n’a pas été abordée lors de la réunion, a indiqué le
président du cartel, le Nigérian Edmund Daukoru.
La prochaine réunion ordinaire du cartel est
prévue le 11 septembre à Vienne: les ministres ne prévoient pas pour le
moment de se réunir à nouveau d’ici là, mais pourraient convoquer une
réunion d’urgence si nécessaire.