Vin: Bruxelles n’accordera
pas à Paris et à Rome les subventions demandées
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La commissaire
européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, le 8 février 2006 à
Bruxelles
La Commission européenne devrait décider
mercredi de ne pas accorder les subventions réclamées par la France et
l’Italie pour la distillation de crise, utilisée pour éponger la
surproduction de leurs vignobles, a-t-on appris lundi auprès d’une source
européenne.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole européen à
l’Agriculture, Michael Mann, a seulement confirmé que le comité de gestion
vin, composé d’experts nationaux et de membres de la Commission, se
réunirait bien mercredi pour étudier les demandes françaises et italiennes.
“La Commission va alors proposer combien
d’hectolitres elle veut distiller et à quel prix”, a-t-il expliqué.
La France demande à Bruxelles des subventions
pour “la distillation de crise” de 2 millions d’hectolitres de vin de table
et 2 millions d’hectolitres de vin de qualité. L’Italie pour sa part
ambitionne de transformer en bio éthanol 3 millions d’hectolitres de vin de
table et 100.000 hl de vin de qualité.
Environ 7,5 millions d’hectolitres de vin en
surproduction ont dû être distillés en alcool par l’UE en 2005, ce qui a
coûté 185 millions d’euros au budget agricole communautaire, selon les
chiffres de la Commission européenne.
Cet alcool est ensuite revendu à des
entreprises agro-alimentaires ou bien pour d’autres usages industriels.
Au total, la Commission dépense chaque année
quelque 500 millions d’euros pour la distillation et le stockage du vin.
Selon une source européenne ayant requis
l’anonymat, et confirmant des informations parues lundi dans le Financial
Times, “la Commission proposera mercredi des quantités et des prix plus bas”
que ceux demandés par les deux Etats.
Depuis deux ans, la France, l’Italie, l’Espagne
ou encore la Grèce tentent de plus en plus souvent de bénéficier des mesures
de crise mises en place par Bruxelles.
Selon Michael Mann, la multiplication de ces
distillations de crise est “un bon argument pour la réforme” envisagée par
la commissaire à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel.
La commissaire “ne veut pas réduire le budget
alloué à la viticulture”, rassure-t-il, “mais l’utiliser plus
intelligemment, en réduisant l’offre et en améliorant la qualité et le
marketing du vin”.
C’est le 22 juin que Mariann Fischer Boel doit
présenter son projet de réforme.
Selon des sources européennes, il prévoit
notamment l’arrêt de la “distillation de crise”, un arrachage massif de
vignes et l’adoption de nouvelles méthodes de production déjà autorisés chez
les pays concurrents hors d’Europe, comme le “punching”, c’est-à-dire
l’ajout de sucre et de copeaux de bois au vin afin d’en améliorer le goût ou
le degré d’alcool.