Mondial-2006: la croissance
française pourrait être légèrement freinée
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Des personnes dans un
magasin parisien, le 2 juin 2006
L’institut d’études Xerfi doute que la Coupe du
monde de football puisse relancer la croissance française, et estime au
contraire que la croissance “pourrait même se voir légèrement freinée”, la
France n’étant pas l’organisatrice de l’événement.
“Ne demandons pas à l’équipe de France de
relancer la croissance de l’économie française, elle n’y arrivera pas, même
en gagnant la Coupe du monde”, affirme Nicolas Bouzou, économiste de Xerfi,
dans une étude consacrée à un possible effet Coupe du monde sur l’économie.
Selon cet économiste, “dans la mesure où la
France n’organise pas l’événement, la croissance pourrait même se voir
légèrement freinée”.
Il observe ainsi que les dépenses des
supporteurs français en Allemagne (tourisme, restauration, transport)
“correspondent en fait à des importations”. Un élément qui, selon Nicolas
Bouzou, “va accroître la contribution déjà largement négative du commerce
extérieur à notre économie”.
Il estime en outre que “le nombre d’heures
travaillées risque de diminuer en juin et en juillet, surtout si la France
avance dans la compétition, en particulier dans les secteurs où les horaires
de travail sont relativement libres”.
En fait, selon Nicolas Bouzou, le seul domaine
où les événements sportifs ont un impact positif sur une économie non
organisatrice de l’événement est le moral des ménages et leur consommation.
On peut ainsi tabler sur une hausse des
dépenses d’électronique grand public, téléviseurs en tête, déjà visible au
premier trimestre (+8,4% en volume par rapport au quatrième trimestre 2005).
“Mais ce type de produits est très largement importé, note Nicolas Bouzou,
ce qui accroît le déficit de la balance commerciale”.
Il souligne d’autre part que le précédent de la
Coupe du monde 1998 a montré des effets sur la consommation “assez limités”,
avec une accélération de la consommation des ménages au deuxième trimestre,
mais qui n’avait pas duré. L’autre enseignement de 1998, selon Xerfi, est
que le seul secteur qui bénéficie durablement d’une Coupe du monde gagnée
par l’équipe nationale est celui du football, avec une hausse de l’affluence
dans les stades et des audiences télévisuelles (et des recettes
publicitaires).
En 1998, la victoire de la France avait
contribué à une remontée de l’indice de confiance des ménages (avec un
sommet en septembre), “sans que cela se traduise par une rupture durable sur
les comportements des consommateurs”, ajoute-t-il.