Les rigidités dans les services, facteur majeur d’inflation dans l’UE

Par : Autres

 

Les rigidités dans les
services, facteur majeur d’inflation dans l’UE

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Manifestation contre la
directive Bolkestein sur la libéralisation des services, le 14 février
2006 à Strasbourg

Enjeu d’un affrontement politique majeur autour
de la directive dite “Bolkestein”, la libéralisation des services en Europe
permettrait aussi de faire reculer l’inflation dans la zone euro, où la
contribution de ce secteur à la hausse des prix est disproportionnée, selon
une étude obtenue par l’AFP.

 

Depuis la naissance de la monnaie unique en
janvier 1999, “l’inflation dans les services en zone euro a été constamment
plus élevée que dans les autres secteurs”, avec une moyenne de 2,3% par an
contre 0,7% pour les produits industriels hors énergie, relève ainsi le
rapport de mai 2006 sur l’inflation préparé pour le Comité économique et
financier de l’UE, où siègent les directeurs du Trésor.

 

L’augmentation des prix dans les services a été
constamment supérieure à la hausse générale des prix, “à l’exception des
périodes 2000-2001 et 2005-2006 quand les deux chocs des prix pétroliers ont
contribué à pousser l’indice général des prix au-dessus de celui des
services”, précise le document.

 

Cette dérive persistante des prix des services
est due au fait que “la concurrence y est plus faible étant donné l’ampleur
des réglementations et des protections”, a estimé mardi soir le commissaire
européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, à l’issue
de la réunion de l’Eurogroupe.

 

“Nous espérons que la mise en oeuvre rapide de
la directive sur les services, ainsi que des actions de dérégulation au
niveau national, iront dans le sens d’un allègement de cette contrainte”
inflationniste, avait-il ajouté.

 

Les 25 se sont ralliés récemment au compromis
du Parlement européen sur une directive Bolkestein remaniée, mais les
milieux professionnels européens craignent que l’éviction du principe du
pays d’origine ne permette aux Etats membres de maintenir les barrières
protectionnistes.

 

“Les réglementations et les autres types de
barrières aux échanges et à la concurrence sur les marchés de services en
zone euro sont des facteurs potentiellement importants pour expliquer
l’évolution des prix”, estime l’étude.

 

Par catégories de services, ceux liés au
logement, mis en évidence en France par la polémique sur le “plombier
polonais”, pèsent pour un quart des dépenses de services et ont contribué à
hauteur de 0,6% à la hausse des prix dans ces activités, précédés seulement
par les loisirs et les soins personnels (coiffure, restauration, etc.) avec
0,8%.

 

A l’inverse, les services liés aux
communications, où concurrence et déréglementation ont été imposées, ont
apporté une contribution négative de 0,2% à la hausse des prix.

 

Parmi les 30 sous-secteurs identifiés, le plus
inflationniste, avec 4,6% en moyenne depuis janvier 1999, a été celui des
services hospitaliers (exclu de la directive dite Bolkestein) alors que la
téléphonie enregistrait une baisse moyenne des prix de 3%.

 

L’inflation structurellement persistante dans
les services traduit une faible progression de la productivité, sauf dans la
banque grâce aux technologies de l’information.

 

“La conclusion est que la complexité et la
sévérité des barrières légales sont très largement répandues et que ceci
contribue à une perte de compétitivité de l’économie européenne dans son
ensemble”, affirme le document.

 

Mais ce haut niveau d’inflation pèse aussi sur
la conduite de la politique monétaire dans la zone euro, a laissé entendre
le commissaire Almunia, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) doit
procéder jeudi à une nouvelle hausse de son principal taux directeur.

 

“Nous, ministre des Finances, devons penser à
ce que nous pouvons faire pour rendre la vie plus facile à la banque
centrale en mettant en oeuvre des réformes structurelles”, soulignait
mercredi matin le ministre autrichien Karl-Heinz Grasser, président en
exercice du conseil Ecofin.

 

“Si nous sommes capables d’accroître la
concurrence, nous aiderons la BCE a maintenir de bas taux d’intérêt”,
précisait-il.

 

 

© AFP 2006

Photo : Frederick Florin