Le pétrole recule, espoirs
d’accalmie en Irak après la mort de Zarqaoui
___________________________________
Le Premier ministre
irakien Nouri al-Maliki (d) l’ambassadeur américain en Irak Zalmay
Khalilzad (g) et le commandant de la Force multinationale en Irak, le
général George Casey, lors d’une conférence de presse le 8 juin à
Bagdad
Les prix du pétrole reculaient jeudi après
l’annonce de la mort du chef d’al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui,
qui fait espérer une accalmie de la situation dans ce pays, gros producteur
d’or noir.
A New York, le baril de “light sweet crude”
pour livraison en juillet est retombé sous le seuil de 70 dollars. Il
baissait de 1,07 dollar à 69,75 USD vers 10H15 GMT lors des échanges
électroniques, après un repli à 69,54 USD, son niveau le plus bas depuis le
25 mai.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord
est repassé sous les 68 dollars, tombant jusqu’à 67,97 USD, son plus bas
depuis le 22 mai. Il perdait 89 cents à 68,30 USD en fin de matinée.
Les autorités irakiennes et américaines ont
annoncé jeudi la mort de l’homme le plus recherché en Irak, Abou Moussab
al-Zarqaoui, chef du réseau terroriste al-Qaida dans ce pays. Il a été tué
dans une opération irako-américaine le 7 juin au nord de Bagdad.
“La nouvelle a fait naître l’espoir d’une
certaine stabilité en Irak, où les fréquentes attaques ont nettement réduit
la production de pétrole”, souligne Sam Tilley, analyste à la maison de
courtage Sucden.
“Certains pensent que maintenant que Zarqaoui a
été tué, la situation en Irak va se stabiliser”, renchérit Bruce Evers,
analyste à la banque Investec. “Mais c’est une hypothèse très risquée, et
probablement fausse”, prévient-il.
Des soldats irakiens
prennent position pour sécuriser un pipeline, le 30 avril 2006 près de
Bassorah
L’Irak peine à pomper 2 millions de barils par
jour à l’heure actuelle, alors qu’il en produisait plus de 2,5 millions
avant son invasion par les forces américano-britannique en mars 2003.
Sa production a atteint 2,1 millions de barils
par jour en avril, son plus haut niveau depuis la chute de l’ancien régime,
selon le dernier chiffre officiel donné en mai.
L’Irak dispose d’importantes réserves, estimées
à plus de 100 milliards de barils, qui le placent dans le peloton de tête
des pays pétroliers. Mais son industrie pétrolière a souffert des effets de
l’embargo imposé entre 1990 (date de l’invasion du Koweit) et 2003, puis des
sabotages et des attaques rebelles à répétition.
Souffrant également du vieillissement de son
infrastructure pétrolière, dû en partie au manque d’investissement sous
Saddam Hussein, l’Irak n’est pas parvenu à atteindre l’objectif de
production de 2,3 millions barils par jour fixé par le gouvernement pour
début 2006.
Le vice-Premier ministre irakien, Barham Salem,
a indiqué jeudi que l’Irak produirait 4,3 millions de barils par jour d’ici
2010, rapporte Sam Tilley, de Sucden. “Mais même après la mort d’Abou
Moussab al-Zarqaoui, cela paraît très optimiste”, estime cet analyste.
Les cours continuaient aussi de reculer en
réaction à l’annonce, mercredi, d’une hausse généralisée des stocks
pétroliers américains, qui éloigne définitivement le risque d’une pénurie
d’essence cet été aux Etats-Unis.
Le marché était également rasséréné par la
disposition de l’Iran à considérer une offre des grandes puissances visant à
régler le conflit sur son programme nucléaire controversé, même si le
président Mahmoud Ahmadinejad a rejeté implicitement jeudi la demande de
suspension de l’enrichissement d’uranium.
Enfin, le marché a accueilli avec soulagement
la promesse de libération des cinq otages sud-coréens enlevés mercredi au
Nigeria. Leurs ravisseurs ont indiqué jeudi dans une lettre avoir accepté de
les relâcher “sans condition”.