Réunion du G8 à
Saint-Pétersbourg: tensions sur l’énergie et hausse de taux
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Les ministres des
Finances du G8 lors d’une réunion à Moscou, le 11 février 2006
Les ministres des Finances du G8 entament
vendredi une réunion à Saint-Pétersbourg qui s’annonce dominée par les
inquiétudes autour de l’approvisionnement en énergie et de la remontée des
taux au niveau mondial qui rend les Bourses fébriles.
Plusieurs banques centrales ont resserré le
robinet du crédit cette semaine, à commencer jeudi par la Banque centrale
européenne, mais aussi celles d’Inde, de Corée du Sud, de l’Afrique du Sud
ou de la Turquie, en raison de craintes de dérapage de l’inflation.
La Réserve fédérale américaine semble elle se
préparer à faire de même d’ici la fin du mois, ce qui a provoqué ces
derniers jours une glissade des marchés boursiers mondiaux.
C’est dans ce contexte que les grands
argentiers des pays les plus industrialisés (Grande-Bretagne, Canada,
France, Allemagne, Italie, Japon, Etats-Unis, Russie) vont discuter de la
santé de l’économie mondiale et préparer le sommet du G8 des chefs d’Etats
qui se tiendra en juillet également dans l’ancienne capitale russe.
La sécurité énergétique tiendra aussi le haut
du pavé alors que les cours mondiaux du brut semblent s’installer au-delà
des 70 dollars le baril, poussés la crise nucléaire avec l’Iran mais aussi
l’appétit grandissant en or noir des économies émergentes.
Au menu officiel également: la lutte contre les
maladies infectieuses ou la lutte contre le financement du terrorisme, a
indiqué le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.
Le directeur général du FMI Rodrigo Rato est
aussi attendu à Saint-Pétersbourg ainsi que, pour certaines discussions, des
représentants de pays émergents et en développement, le Brésil, l’Inde, la
Chine, la Corée du Sud, l’Australie et le Nigeria.
Des réunions bilatérales sont prévues vendredi
(Alexeï Koudrine avec le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz ou
les ministres américain et japonais des Finances, John Snow et Sadakazu
Tanigaki). En début de soirée, les délégations assistent à une
représentation du ballet le Lac des Cygnes avant un dîner.
Les véritables travaux du G8 au complet sont
prévues samedi avec à la clef l’adoption d’un communiqué commun.
Les banquiers centraux seront en revanche
absents de la réunion, la Russie qui préside pourtant le G8 cette année
n’étant pas encore acceptée dans ce cénacle monétaire.
Cette particularité nourrit depuis le début de
l’année des critiques sur la légitimité de Moscou à présider cette
organisation des pays les plus industrialisés, d’autant plus que la
politique du président Vladimir Poutine s’éloigne de plus en plus du cap
démocratique.
“Le cours de la politique russe actuelle
suscite un dilemme chez ses partenaires”, note l’ex-sherpa russe pour le G8
Andreï Illarionov, soulignant le risque “de légitimation” de la dérive
autoritaire russe.
La Russie, deuxième producteur de brut après
l’Arabie saoudite et premier producteur de gaz, entend s’appuyer sur son
statut de nouvelle super-puissance énergétique pour retrouver son influence
perdue au cours de plus de dix ans de chaos post-soviétique.
Mais les Occidentaux regardent ces nouvelles
nouvelles ambitions avec nervosité et l’Union européenne, dont 26% de la
consommation de gaz est fournie par la Russie, s’inquiète de sa dépendance
envers son voisin après la décision de Moscou de couper temporairement le
gaz à Kiev début janvier.
L’UE aimerait que la Russie facilite les
investissements étrangers dans son secteur énergétique et donne accès aux
tiers à ses gazoducs, poussant à cet effet Moscou à ratifier la Charte de
l’Energie.
Mais Alexeï Koudrine a par avance précisé que
ce thème ne serait pas abordé par les ministres des Finances.