Des robots mettent fin au
calvaire des enfants jockeys aux Emirats
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Un robot-jockey lors
d’une session d’entraînement de courses de chameaux à Dubaï, le 21
mars 2006
Des robots assurent avec succès les traditionnelles courses de chameaux aux
Emirats arabes unis, mettant fin au calvaire d’enfants jockeys qui étaient
souvent arrachés à leurs familles dans des pays pauvres et réduits à
l’esclavage pour ce sport ancestral.
“Au total 1.075 enfants jockeys ont été rapatriés depuis la mise en cause en
2005 de l’utilisation des enfants dans les courses de chameaux et le
lancement du programme de rapatriement”, a annoncé l’adjoint du ministre de
l’Intérieur émirati, le général Saïf al-Chaafar.
“Ce dossier relève désormais du passé”, a-t-il ajouté lors d’une conférence
de presse dimanche. Selon lui, d’autres enfants ont “certainement été
rapatriés par leurs employeurs” sans que son ministère en soit informé.
“Ces enfants venaient surtout du Pakistan mais aussi du Bangladesh, du
Soudan, de Mauritanie et d’Erythrée. A leur retour, certains étaient âgés de
huit à 11 ans”, a précisé le général Chaafar.
Des enfants âgés d’à peine quatre ans étaient utilisés comme jockeys, pour
leur légèreté. Certains étaient même affamés pour rester légers, selon leurs
récits rapportés par le site internet de l’Unicef.
“Des pères venaient aux Emirats avec leurs familles sous prétexte de
travailler, puis livraient leurs enfants en bas âge à des organisateurs de
courses” contre de l’argent, raconte le responsable.
Un
robot-jockey lors d’une session d’entraînement de courses de chameaux
à Dubaï, le 21 mars 2006
Un
programme de rapatriement et de réhabilitation d’un coût de 10 millions de
dirhams (2,7 millions dollars), entièrement financé par les Emirats, est
conduit en collaboration avec l’Unicef depuis 2005, a précisé le
responsable.
Souvent
critiqués en Occident pour les terribles conditions auxquelles ces enfants
étaient soumis par les propriétaires des chameaux, les Emirats ont – grâce à
ce programme – été retirés début juin de la liste noire du Département
d’Etat américain des pays pratiquant un trafic d’êtres humains.
“Les
Emirats ont réussi à appliquer la majorité des mesures destinées à empêcher
des abus sur des personnes âgées de moins de 18 ans dans des courses de
chameaux”, a déclaré la représentante de l’Unicef pour le Golfe, June Kunugi,
citée dimanche par le quotidien Gulf News.
Depuis
2005, la loi émiratie interdit la participation de personnes âgées de moins
de 18 ans et pesant moins de 45 kilos. Les contrevenants sont passibles de
peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et/ou d’amende d’au moins
50.000 dirhams (13.700 dollars).
Avec
l’Unicef, l’Etat émirati a ouvert des foyers d’accueil et des centres de
réhabilitation aux Emirats et dans les pays d’origine de ces enfants.
Souffrant de malnutrition et de traumatismes, les ex-enfants jockeys y
reçoivent un traitement médical et psychologique. Privés d’éducation, ils y
apprennent aussi à lire et à écrire.
“La
majorité étaient entrés clandestinement aux Emirats et vendus. Leurs parents
sont parfois inconnus et nous tentons de les retrouver avec l’aide de
l’Unicef”, selon le général Chaafar.
“Chaque
course implique une cinquantaine de chameaux. Un enfant désarçonné serait
certainement grièvement blessé par ces animaux”, relève-t-il en précisant
que “l’idée du robot” était “inspirée des voitures télécommandées”.
Fabriqué
en fibre de verre et pesant entre quatre et cinq kilogrammes, il allie
“légèreté et robustesse”. Petites boîtes mécaniques, les robots sont
enveloppés de tissu pour prendre la forme d’une poupée aux bras tenant les
rênes. Un long fouet léger pendant d’une extrémité du robot flagelle
l’animal pour qu’il accélère.
Les
Emirats restent le premier pays organisateur des courses de chameaux dans le
Golfe, dotées chaque année de prix de 70 millions de dirhams (19 millions
USD), selon une source de l’Unicef.
“Un
chameau gagnant a été vendu cette année au prix record de quatre millions de
dirhams (1,1 M USD)”, a précisé le commandant Nasser al-Mahani, responsable
du département de la course des chameaux au ministère.