L’armée française numérise
ses archives pour faire face au papy-boom
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Une salle de
consultation du Service historique de l’armée de terre à Vincennes
L’armée française a décidé de numériser à rythme accéléré les imposantes
archives qu’elle détient à Pau pour faire face à une explosion des demandes
d’attestation de la part des hommes nés après la guerre en vue de leur
prochaine retraite.
Le “papy-boom”, la mise à la retraite des “baby-boomers” nés après 1945, se
manifeste de manière concrète par des sacs entiers de courrier, dans
l’immense caserne Bernadotte de Pau qui abrite le Bureau central des
archives administratives militaires (BCCAM) et ses 29 millions de dossiers
militaires.
“Nous sommes passés de quelques centaines de lettres par jour à 1.500
demandes quotidiennes”, explique le colonel Alain David, directeur du BCCAM,
un service de l’armée qui gère les dossiers militaires de tous ceux, appelés
comme engagés, qui ont fait l’armée.
L’année 2006 marque le démarrage de l’effet “papy-boom” avec le départ à la
retraite des personnes nées en 1946, au tout début du “baby-boom”,
l’explosion des naissances après-guerre, phénomène qui en France a duré
jusqu’au milieu des années 60.
A chaque fois, la demande faite au BCCAM est la même: il s’agit pour le
futur retraité d’obtenir une attestation concernant son service militaire,
dans le but d’augmenter ses droits à la retraite.
Les mois passés sous les drapeaux comptent comme des mois de cotisation
retraite à part entière, confirme-t-on à la Caisse nationale d’assurance
vieillesse (CNAV).
L’afflux de demandes de la part des futurs retraités a convaincu le BCCAM de
numériser au plus vite.
Plusieurs scanners ont été installés avec l’objectif, à terme, d’archiver
sous forme informatique 17 millions de “feuillets nominatifs de contrôle”,
des fiches qui résument les dossiers militaires de chaque appelé ou engagé.
Dans une annexe de la longue caserne Bernadotte (180 mètres de façade), des
employés du BCCAM glissent patiemment à la chaîne ces fiches cartonnées dans
les scanners.Environ 10.000 documents sont numérisés chaque jour, explique
Jean-Marie Soubies, chef technique du BCCAM. Un demi-million de ces fiches a
déjà été stocké sous une forme informatique. D’ici trois ans, 8 millions
d’autres fiches seront numérisées puis à terme 9 autres millions.
Grâce à ce système, lorsqu’une demande d’attestation simple parvient au
BCCAM, les employés n’ont plus besoin de parcourir les immenses couloirs du
bâtiment et les 70 kilomètres de rayonnages pour rechercher le dossier
militaire du demandeur.
Quelques clics de souris suffisent pour faire apparaître sur écran
d’ordinateur la fiche numérisée du futur retraité afin de vérifier ses
“états de services” et lui fournir au plus vite l’attestation demandée.
“L’objectif à horizon 2015, avec la numérisation complète du service, est de
pouvoir répondre sous les 24 heures, contre quatre semaines de délais
actuellement nécessaires”, explique M. Soubies.