USA: nouvelle hausse des
prix à la production sur fond de peurs d’inflation
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Des consommateurs dans
un magasin de jouets à New York
Les prix à la production ont encore augmenté en
mai aux Etats-Unis, alors que les marchés boursiers sont en pleine
déconfiture en raison des craintes de nouvelles hausses des taux pour lutter
contre l’inflation.
Les prix à la production, c’est à dire ceux qui
sont facturés par les entreprises, ont progressé de 0,2% en mai par rapport
à avril aux Etats-Unis. C’est moins que le mois précédent (+0,9%) et moins
que ce qu’attendaient les analystes.
Mais ces derniers n’y voient pas de raison
particulière de se réjouir. En effet c’est l’indice de base qui les
intéresse, celui qui donne une image plus fiable de l’inflation parce qu’il
exclut les éléments très changeants que sont l’énergie et l’alimentation.
Et là la hausse s’est accélérée en mai: +0,3%
après +0,2% le mois précédent, soit la hausse la plus forte depuis février.
Sur un an, les prix à la production ont
augmenté de 4,5% en mai après 4% en avril, et l’indice de base a progressé
de 1,5%, comme le mois précédent.
“Cela va continuer d’alimenter les craintes
d’inflation de la Fed et les inquiétudes des marchés que la Fed continue de
relever ses taux”, estime Andrew Busch de BMO Nesbitt Burns.
En effet les marchés, mal en point depuis une
semaine, ont accéléré leur chute mardi: -1,90% à Francfort, -2,14% à
Londres, -4,14% à Tokyo.
Leur crainte est de voir les taux directeurs
augmenter de nouveau face à l’accélération de l’inflation, une perspective
de plus en plus probable depuis les récentes mises en gardes des
responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Le président de la Fed, Ben Bernanke, a estimé
le 5 juin que l’inflation se trouvait dans le haut de la fourchette
acceptable, voire au-dessus, et laissé entendre que la banque centrale
allait donc remonter encore ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion
les 28 et 29 juin.
Lundi, la présidente de la Fed de Cleveland
Sandra Pianalto a fait écho à ces propos en se disant “préoccupée” par les
derniers chiffres de l’inflation.
Le principal taux directeur de la Fed est
actuellement fixé à 5%.
Le rapport américain intervient juste après
publication d’autres chiffres inquiétants ailleurs dans le monde: au
Royaume-Uni, l’inflation a continué d’accélérer en mai, repassant au-dessus
de l’objectif de 2% de la Banque d’Angleterre, et en Espagne elle s’est
aussi légèrement accrue à 4% sur un an.
“Une nouvelle hausse des taux semble en
préparation” aux Etats-Unis, résume Robert Brusca du cabinet FAO Economics.
Mais c’est la journée de mercredi qui sera
décisive pour les marchés. En effet le gouvernement américain publiera
l’indice des prix à la consommation de mai qui est beaucoup plus important
pour les analystes.
“La seule chose qui intéresse les marchés,
c’est ce qui pourrait les aider à cerner le chiffre des prix à la
consommation de demain” mercredi, souligne John Shin de Lehman Brothers.
Dans ce contexte, l’intérêt du rapport de mardi
est relatif, car “ces trois derniers mois, la relation entre prix à la
consommation et prix à la production a été non seulement faible, mais
trompeuse”, ajoute l’analyste.
En avril et en mars, les prix à la consommation
avaient accéléré au-delà des attentes des analystes et les marchés
guetteront avec appréhension si cette tendance se confirme.
De plus, le calendrier donne une importance
toute particulière au rapport attendu mercredi. “Les marchés seront sur les
dents parce que c’est le dernier chiffre-clé avant la prochaine réunion de
la Fed”, ajoute M. Shin.
Les marchés, qui pariaient sur une pause il y a
quelques semaines encore, sont de plus en plus nombreux à tabler sur une
hausse de taux lors de cette réunion fin juin.