France: l’inflation accélère
en mai avec une hausse de 2,1% sur un an
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Un magasin de fruits et
légumes
Le haut niveau des cours du pétrole et la
hausse saisonnière des prix des fruits et légumes ont entraîné une nouvelle
accélération de l’inflation en France en mai, à 2,1% sur un an contre 1,7%
le mois précédent, mais sans inquiéter réellement les économistes.
Les prix à la consommation ont augmenté de 0,4%
en mai sur un mois, après une progression similaire en avril, a indiqué
mercredi l’Insee. Les analystes tablaient en moyenne sur une hausse de 0,2%
sur le mois et de 2,2% sur un an.
Avec cette nouvelle hausse, l’inflation
“dépasse de 2% pour la première fois depuis le mois de septembre dernier”,
observe Nicolas Claquin, économiste de HSBC France, tout en soulignant que
cette recrudescence “reste circonscrite au secteur de l’énergie”.
Carol Hainaut, de Natexis Banques Populaires,
souligne aussi que “la plus grande partie de la progression est imputable à
des facteurs exogènes”, tel le relèvement tarifaire de 5,4% du gaz de ville
intervenu en mai ou l’envolée de 4,4% sur le mois (contre 2,7% en moyenne
depuis 10 ans selon BNP Paribas) des prix des produits alimentaires frais,
fruits et légumes notamment.
En témoigne le niveau de l’inflation
sous-jacente, calculée hors énergie et prix volatils comme les produits
frais et surveillée de près par la Banque centrale européenne (BCE), qui
“reste particulièrement contenue”, à 1,1% sur un an (après +1,2% en avril),
observe l’économiste.
Cette progression est essentiellement le fait
des services, en particulier les voyages touristiques (+11,0% sur le mois) à
l’approche des vacances d’été et les services de santé (+1,8% sur le mois).
Les prix des produits manufacturés, eux, restent tirés à la baisse (-0,3%
sur un an) par les importations à bas prix, “témoin de l’absence pour le
moment de transmission de la hausse des coûts (matières premières notamment,
ndlr) supportés par les entreprises”, selon Nicolas Claquin.
Reste à savoir “combien de temps cette absence
de transmission va pouvoir perdurer car elle se fait au détriment des marges
des entreprises, qui sont très tendues depuis plusieurs trimestres”,
s’interroge cet économiste.
“Les perspectives de prix des industriels,
selon l’Insee, sont d’ailleurs en hausse”, note Carol Hainaut. Une tendance
qui, si elle devait se matérialiser, “pourrait alimenter l’inflation
sous-jacente dans les mois à venir”, estime Mathieu Kaiser, économiste de
BNP Paribas.
Ce dernier juge toutefois que l’inflation
“devrait globalement rester très raisonnable en France”, avec “une
diminution de l’inflation totale” au cours du second semestre.
Dans ces conditions, pour Carol Hainaut, la
hausse des taux d’intérêt de la BCE “qui est appelée à se poursuivre”,
constitue “un remède contre un mal quasi-inexistant”.
L’indice des prix des produits de grande
consommation dans la grande distribution est de son côté resté stable le
mois dernier, et progresse de 0,8% en glissement annuel (contre une baisse
de 1,1% en mai 2005).
En mai, les prix sont restés inchangés par
rapport à avril dans les hypermarchés comme dans les supermarchés. Sur un
an, ils ont augmenté de 1,0% dans les hypermarchés et de 0,7% dans les
supermarchés.