Avec Vinci, Veolia tente à
nouveau une opération d’acquisition risquée
___________________________________
Le PDG de Veolia
Environnement Henri Proglio le 13 mars 2006 à Paris
Après le récent échec de son raid sur son
concurrent Suez, Veolia tente à nouveau une opération de croissance, cette
fois hors de son secteur d’activité, pour financer ses ambitions à
l’international alors que le groupe est encore fragile.
L’offre de “rapprochement amical” faite
mercredi par Veolia au numéro un mondial de BTP Vinci a aussitôt été rejetée
par l’intéressé qui a qualifié la démarche d'”hostile” et jugé le projet
sans intérêt stratégique ni synergies.
Pour l’heure, Veolia a “déploré” ce refus
catégorique sans dévoiler sa stratégie à venir.
Les analystes affichaient également leur
scepticisme jeudi ne voyant aucun sens industriel à un rapprochement qui
reconstituerait l’ancienne Générale des Eaux. Selon eux, Veolia cherche
surtout à mettre la main sur la manne des concessions autoroutières de
Vinci.
“Veolia veut profiter de l’affaiblissement
actuel de l’exécutif de Vinci pour faire son offre qui lui permettrait de
trouver du cash et de se développer à l’international. Je ne vois pas bien
l’intérêt de créer un gros conglomérat”, a estimé un analyste d’une maison
de courtage française.
Vinci traverse actuellement une crise interne
depuis l’éviction le 1er juin de son ancien président, Antoine Zacharias,
pour des questions de rémunération.
L’offre de Veolia paraît en outre risquée sur
le plan financier, selon les analystes. Après plusieurs années de
restructuration, le groupe est encore endetté à hauteur de 14 milliards
d’euros n’ayant renoué avec les bénéfices que depuis 2004.
L’ancien président de Vinci Antoine Zacharias (d) et le directeur
général Xavier Huillard, le 16 mai 2006 à Paris
Une source proche du dossier estimait que
“comme Veolia n’a pas beaucoup de moyens, il serait probablement obligé de
revendre une large partie des actifs de Vinci, ce qui serait considéré par
Vinci comme un démembrement”.
Pour un analyste, “Veolia ferait mieux de faire
de vraies acquisitions dans son métier, l’énergie et l’environnement”.
C’est ce qu’avait voulu tenter Veolia en début
d’année, en préparant avec l’italien Enel un raid sur son concurrent Suez
pour s’emparer de sa filiale belge d’électricité, Electrabel. A la demande
du sommet de l’Etat français, Veolia s’était finalement retiré en raison de
la tournure hostile de l’opération.
Veolia, qui compte 271.150 collaborateurs dans
78 pays, est présent dans les domaines de l’eau, de la propreté, de
l’énergie et dans une moindre mesure dans les transports.
Vinci, qui emploie 142.000 personnes à travers
le monde, est à la fois constructeur de bâtiments, de grands ouvrages,
d’infrastructures de transport, gestionnaire de parkings, d’aéroports et
d’autoroutes. Il est aussi présent dans les infrastructures d’énergie.
Leur mariage créerait “le leader mondial de
l’environnement urbain et de l’aménagement du territoire”, a estimé une
source proche du dossier, pour qui le rapprochement se ferait sous forme
d’une offre publique d’échange.
Les deux groupes pèseraient ensemble quelque 47
milliards d’euros de chiffre d’affaires et une capitalisation boursière de
34 milliards d’euros.