Le Parlement tunisien a adopté,
le 1er juin 2006, un projet de loi amendant et complétant la loi du 3 mai
2001 qui régit les technopoles. L’amendement a pour objectif de renforcer le
rôle dévolu au ministère chargé de la Recherche scientifique et du
Développement des Compétences dans l’évaluation et le suivi de l’activité de
ces institutions (privées ou publiques) qui favorisent une synergie entre
formation, enseignement supérieur, recherche et production.
Il prévoit, également, la mise en place de nouveaux mécanismes permettant
une gestion plus souple des technopoles publics. Parmi ceux-ci, figure la
création d’entreprises publiques à caractère commercial et industriel qui
seront chargées de la gestion des technopoles et de négocier la cession de
terres domaniales en faveur de ces institutions.
Pour mémoire, la Tunisie s’est engagée dans un ambitieux programme décennal
visant à valoriser les résultats de la recherche et à les exploiter dans la
création de projets innovants à haute valeur ajoutée.
Ce programme, cofinancé par l’Union européenne, vient pallier une situation
frustrante. Le déficit technologique, perceptible à travers la rareté des
brevets d’invention, contraste avec le nombre des promus des filières
scientifiques et d’ingénierie estimé à 17.000 ingénieurs, soit un ratio de
5,7 pour mille contre plus de 10 pour mille en Europe.
L’effectif des chercheurs en Tunisie s’élève à plus de 13.000 tandis que 50%
des étudiants (300 mille actuellement) se consacrent à la recherche
scientifique dont 36% se spécialisent dans l’ingénierie et les nouvelles
technologies.
Il s’agit d’optimiser l’exploitation de ce potentiel dans la création du
maximum d’entreprises génératrices d’emplois, notamment pour les diplômés du
supérieur qui seront les plus touchés, d’ici 2010, par le chômage, 14,3% de
la population sans emploi. Le taux de chômage est estimé actuellement à 14%
sur un total de population active de l’ordre de 3,3 millions (sachant que la
Tunisie compte 10 millions d’habitants).
A cette fin, une stratégie multidimensionnelle a été mise au point.
Au plan institutionnel, les initiatives de partenariat entre industriels et
institutions de recherche sont encouragées par l’Etat. Une dizaine de
centres techniques sectoriels sont mobilisés au service de ce partenariat.
Des pépinières d’entreprises sont créées dans les universités. Les résultats
des recherches sont protégés par des législations appropriées.
Dans le programme “Pour la Tunisie de demain”, véritable tableau de bord de
l’investissement d’ici 2009, le gouvernement s’est engagé” à créer un
technopole ou, au moins une pépinière d’entreprise dans chaque gouvernorat
et de porter le ratio des diplômés des études d’ingénieurs et de sciences de
5,9 pour mille actuellement à 11 pour mille en 2009″.
Concrètement, l’Etat vient de réaliser 5 pépinières et de programmer huit
autres en cours de réalisation.
Une dizaine de technopoles sont retenus et seront mobilisés pour valoriser
des domaines prioritaires. Sur ce total, six sont à un stade de réalisation
très avancé. Ils seront fin prêts d’ici fin 2006. Le doyen de ces
technopoles est celui des technologies de la communication d’El Ghazala, la
Silicon valley de Tunisie. Quant aux six autres, il s’agit de Borj Cédria
qui couvrira une superficie de 88 hectares et sera spécialisé dans
l’énergie, l’eau, l’environnement et la biotechnologie v&e acute;gétale,
Sidi Thabet (92 ha, spécialisé dans la biotechnologie et les industries
pharmaceutiques), Sousse (60 ha, spécialisé dans les industries mécaniques
et électriques), Sfax (60 ha, spécialisé dans l’informatique, le multimédia
et la communication), Monastir (100 ha spécialisé dans le
textile/habillement), Bizerte (87 ha, spécialisé dans les industries
agroalimentaires).
Deux autres technopoles sont programmés : le technopole des industries
cinématographiques de Gammarth (banlieue nord de Tunis) et celui de
biotechnologie marine et technologies de la pêche…
En plus de ces technopoles, le chef de l’Etat a ordonné en 2005 la création
de trois pôles technologiques à Jendouba, Gafsa et Médenine.
La Tunisie compte sur son partenariat avec l’Union européenne pour valoriser
ces technopoles. Le souhait le plus profond des Tunisiens est d’impliquer
les promoteurs européens dans la création d’un grand nombre d’entreprises
innovantes au sein de ces technopoles dans le cadre d’un partenariat
stratégique.
Ce partenariat tuniso-européen, régi par une convention spécifique, conclue
en juin 2003, pour promouvoir la Recherche–Développement, offre un cadre
approprié pour promouvoir le transfert technologique Nord- sud.
L’implication des équipes de recherche tunisiennes dans les projets euro
méditerranéens du 6ème programme de R&D constitue, à cette même fin, une
excellente opportunité.
Côté financement, la France a fait état de sa disposition à aider la Tunisie
à réaliser ces technopoles. Les principaux partenaires de la Tunisie
(italiens, allemands, japonais) ont fait autant.