EADS: réunion au sommet en
pleine crise, Noël Forgeard sur la sellette
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Noël Forgeard et Thomas
Enders devant une maquette de l’Airbus A38 le 8 mars 2006 à Paris
Une réunion au sommet des plus haut dirigeants
d’EADS se tient lundi à Munich en pleine crise au sein du groupe européen,
empêtré dans les retards de l’A380, sources d’un crash du titre en Bourse,
et l’affaire des stock-options des dirigeants dont son coprésident Noël
Forgeard.
“C’est une réunion du Top 4, les deux
présidents français et allemand et les deux exécutifs français et allemand.
Il y a MM. Lagardère, Bischoff, Forgeard et Enders”, a indiqué à l’AFP une
source proche du dossier.
Un porte-parole français du groupe EADS avait
évoqué plus tôt “une réunion informelle dans la matinée à Munich” avec “MM.
Forgeard et Enders” et dont “le sujet du jour sera Airbus”.
Mais il ne s’agit pas d’un conseil
d’administration, comme l’avait indiqué plus tôt le ministre français
délégué à l’Industrie François Loos et plusieurs quotidiens français, ont
assuré les porte-parole français et allemand d’EADS.
Le groupe européen d’aéronautique et de défense
n’envisage pas de communiquer sur l’issue de cette réunion, selon le
porte-parole allemand.
Cette rencontre est la première à ce niveau
depuis l’effondrement boursier la semaine dernière du groupe EADS dont le
titre a perdu un tiers de sa valeur en 24 heures.
Cette crise a été consécutive à l’annonce par
Airbus, filiale d’EADS de retards de livraison de son A380 et les
interrogations suscitées par la controverse sur des ventes d’actions
massives par Noël Forgeard et d’autres hauts dirigeants.
Le gendarme français de la Bourse a indiqué
vendredi enquêter “depuis plusieurs semaines sur le marché du titre EADS”,
précisant que “les événements les plus récents seront examinés” tandis que
M. Forgeard s’est défendu de tout délit d’initié.
Le
co-président d’EADS Noël Forgeard, à Paris le 16 juin 2006
La réunion de Munich intervient également dans
un contexte de tensions franco-allemandes récurrentes, illustrées par la
douloureuse guerre des chefs ayant précédé l’intronisation de Noël Forgeard,
aux côtés de Thomas Enders, à la tête du groupe en 2005.
“Je n’observe aucun élément qui nourrirait de
quelconques dissensions entre Français et Allemands”, a toutefois estimé
Noël Forgeard dans un entretien à La Tribune paru lundi.
Il avait fustigé vendredi pour les retards de
l’A380 “certaines usines” du groupe, notamment Hambourg et mis en cause
implicitement son successeur chez Airbus, l’Allemand Gustav Humbert.
Si Manfred Bischoff a pour l’instant conservé
le silence, l’homologue allemand de M. Forgeard, Thomas Enders a réagi
lundi, indiquant qu’il n’avait pas vendu ses titres car il avait jugé que
cela n’était “pas opportun”.
Le co-président du conseil d’administration
Arnaud Lagardère a lui affirmé qu’il n’était “pas question de faire payer un
lampiste” et que l’avenir de M. Forgeard à la tête d’EADS ferait l’objet
d’une “discussion (…) avec Manfred Bischoff”, son homologue allemand au
conseil d’administration.
De quoi faire resurgir la rumeur d’un
remplacement de M. Forgeard par le représentant de l’Etat français au
conseil d’administration d’EADS, Louis Gallois, PDG de la SNCF. “Louis
Gallois n’est pas aujourd’hui à Munich à cette réunion”, selon le
porte-parole français d’EADS.
Au-delà du seul groupe européen, de plus en
plus de voix s’élèvent dans le champ politique et social pour critiquer Noël
Forgeard, dont l’un des proches du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy,
Patrick Devedjian, qui a jugé dimanche l’attitude de M. Forgeard
“désastreuse” pour l’image d’EADS.
“La crédibilité de la société nous paraît
actuellement profondément en cause. D’une part, sur certains aspects
industriels de son organisation et d’autre part sur l’authenticité de sa
communication”, a commenté lundi la société de courtage Aurel Leven.
