Doublé pour le groupe
pétrolier Sinopec et les ambitions énergétiques de la Chine
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pétrolier chinois Sinopec
Un champ gazier en Iran et une compagnie
pétrolière en Russie emportés par Sinopec: les pétroliers chinois continuent
leur marché planétaire pour assurer l’approvisionnement en énergie de la
Chine, deuxième plus gros consommateur au monde dans ce domaine.
Sinopec a évincé mardi ses concurrents russes
et étrangers dans l’achat d’Udmurdneft, filiale du groupe pétrolier
russo-britannique TNK-BP, qui exploite 26 gisements en Oudmourtie (centre de
la Russie), produit 115.000 barils par jour et dispose de réserves estimées
à 550 millions de barils.
Le même jour, et cinq seulement après la visite
à Shanghai du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, l’entreprise chinoise
signait en Iran un contrat d’exploration développement en commun pour le
bloc pétrolier de Garmsar (centre), l’un des quatre que Sinopec briguait.
La Chine, qui importe près de 45% du pétrole
qu’elle utilise, veut s’assurer des sources d’approvisionnement, d’autant
que sa consommation devrait encore croître et que, selon les projections
officielles chinoises, jusqu’à 80% de ses besoins dépendront des
importations en 2020.
L’Opep “s’attend désormais à ce que la demande
de pétrole de la Chine augmente de près de 0,5 mbj (millions de barils par
jour) à environ 7 mbj en 2006”, à cause du boom économique constant.
“Première puissance économique mondiale dans
moins de deux décennies, (…) la Chine a un besoin insatiable
d’hydrocarbures”, souligne le politologue François Lafargue dans un ouvrage
récent “Demain, la guerre du feu/Etats-Unis et Chine à la conquête de
l’énergie”.
Et d’insister sur le fait que Pékin partage
avec Washington “une même obsession: la diversification de leur
approvisionnement énergétique, pour réduire leur dépendance à l’égard du
Moyen-Orient désormais trop chaotique”.
Les pays arabes restent les premiers
fournisseurs de la Chine (44% de ses importations en 2005). Mais de
l’Amérique latine, à l’Asie, en passant par l’Afrique, les grandes
entreprises chinoises, encouragées par le gouvernement, ont accumulé les
acquisitions et les accords de prospection depuis le revers essuyé l’été
dernier par CNOOC, compagnie publique qui a le monopole de l’exploitation en
mer des ressources énergétiques, lors de sa tentative de rachat de la
société pétrolière américaine Unocal Corp.
Quelques semaines après, CNPC, premier
producteur de pétrole chinois, concluait le rachat de la société canadienne
PetroKazakhstan pour 4,2 milliards de dollars, réalisant la plus importante
acquisition pétrolière chinoise à l’étranger jusqu’alors.
En Equateur, Andes Petroleum, co-entreprise de
plusieurs pétroliers chinois, mettait la main sur des réserves prouvées de
143 millions de barils de pétrole, une production de 450.000 barils/jour et
une participation de 36% dans un oléoduc de 500 km.
Puis, l’hiver dernier, les acteurs chinois,
déjà présents au Soudan, au Niger, au Tchad, en Algérie, en Mauritanie,
faisaient leur entrée dans le secteur pétrolier du Nigeria, premier
producteur de brut africain et sixième exportateur mondial, avec 2,6
millions de barils par jour en moyenne. CNOOC y a acquis une concession
pétrolière en mer et CNPC quatre licences d’exploration.
Au Kenya, CNOOC encore a conclu un accord pour
prospecter six blocs en mer.
Le tout sur fond de visites tous azimuts des
dirigeants chinois qui, depuis le début de l’année, auront parcouru quinze
pays africains.
Le gouvernement chinois cependant n’apprécie
guère l’attention (et les craintes) portée par les occidentaux à sa
politique énergétique et rappelle régulièrement qu’il ne suit pas une
“diplomatie du pétrole”.
“Nous consommons 8% du total mondial. La Chine
a un énorme potentiel de développement énergétique et son niveau de
dépendance énergétique est inférieur à celui des pays développés”,
soulignait ainsi mardi la porte-parole du ministère des affaires étrangères,
Jiang Yu.