France: la consommation des
ménages dynamique en mai, aidée par le Mondial
___________________________________
Des personnes dans un
magasin parisien, le 2 juin 2006
La consommation des ménages français est restée
dynamique en mai, tirée par les achats de biens d’équipement de la maison,
dont les télévisions à écrans plats achetées pour regarder la Coupe du
Monde, a indiqué l’Insee mercredi par l’Insee.
La consommation de produits manufacturés (un
quart de la consommation des ménages) a augmenté de 0,6% en données
corrigées de variations saisonnières, après une hausse de 0,9% en avril
(révisée en hausse de 0,2 point).
Dans le seul secteur commerce (hors automobile,
pneus, pièces détachées et produits médicaux), les dépenses étaient en
hausse encore plus nette: +0,8% en mai (après +0,6% en avril), surtout tirée
par les dépenses de biens d’équipement du logement qui s’envolent de 6,3%,
après un recul de 2,4% en avril.
Tous les analystes soulignent le fort impact de
ce secteur sur la consommation globale, plusieurs y voyant aussi un “effet
Coupe du monde” qui a poussé les ménages à acquérir des produits
électroniques type téléviseurs à écrans plats.
“Une fois de plus, c’est l’équipement du
logement qui tire la consommation globale”, relève Nicolas Bouzou de
l’institut d’études Xerfi, qui signale que la hausse de mai dans ce secteur
est “la plus forte depuis février 1985”.
Pour Marc Touati, de Natexis Banques
Populaires, “à l’évidence, l’actuelle bulle immobilière a du bon”: la
consommation de biens d’équipement du logement “affiche un glissement annuel
de 20,6%, soit un sommet historique!”.
La consommation des ménages a été “de nouveau
supérieure aux attentes” en mai et “la composante déjà la plus dynamique de
la consommation”, l’équipement du logement, “explique une nouvelle fois
cette bonne surprise”, ajoute Olivier Gasnier, de la Société générale.
Les dépenses de biens durables se sont
également inscrites en nette hausse de 3,4% en mai (après -0,8% en avril).
En revanche, la froidure de mai a congelé les dépenses en textiles et cuir,
qui ont chuté de 3,6%, après +4,5% en avril.
Un recul qui s’explique “par leffet saisonnier
et, surtout, par le mauvais temps observé en mai”, selon Mathieu Kaiser, de
BNP Paribas, qui s’attend à “une correction” avec l’arrivée d’un temps plus
clément en juin et les soldes en juillet.
Les achats d’automobiles ont reculé de 0,7%
(après +1,5% en avril). Les dépenses de consommation en autres produits
manufacturés sont légèrement en hausse de 0,1% en mai (après +0,8% en
avril).
Globalement, pour Nicolas Bouzou, “cest une
donnée presque structurelle: la consommation des ménages en France est très
dynamique”.
Plusieurs éléments expliquent, selon lui, le
dynamisme persistant de la consommation: la baisse des prix des produits
manufacturés liée à la mondialisation, les achats en électronique grand
public liés à l’apparition permanente de nouveaux produits, le très faible
niveau du coût des prêts à la consommation, et peut-être aussi la baisse du
taux de chômage.
“A l’inverse des Bleus depuis le début du
Mondial, les consommateurs français ont la pêche”, résume Marc Touati. Mais
ce dernier met en garde sur le fait que la “double bulle immobilière et
consumériste est principalement due à une troisième bulle, en l’occurrence
celle de l’endettement”.
“Dès lors, si l’emploi ne redémarre pas
rapidement et fortement, les trois bulles évoquées risquent de se dégonfler
progressivement”, prévient-il.
Nicolas Claquin d’HSBC Franc partage cet avis:
“les ponctions d’épargne pourraient atteindre leurs limites et il faudra dès
lors que le marché de l’emploi prenne le relais”.
Les économistes rappellent aussi que la
consommation des ménages porte de plus en plus sur des biens importés.
“Ainsi, la consommation des ménages a, en France, de plus en plus de mal à
avoir un effet d’entraînement sur le reste de l’économie”, observe Nicolas
Bouzou.