Acier: Severstal fait une
offre plus modeste à Arcelor, le titre suspendu
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Le PDG de Severstal,
Alexeï Mordachov, le 26 mai 2006 à Luxembourg
Le sidérurgiste russe Severstal a proposé une
révision de son contrat de mariage avec Arcelor, réduisant son poids de 32%
à 25% du groupe, pour se concilier les actionnaires du géant européen,
suspicieux face à cette opération censée empêcher une OPA hostile de Mittal
Steel.
Alexeï Mordachov, PDG et principal propriétaire
de Severstal, a proposé aux actionnaires d’Arcelor “des termes beacoup plus
attractifs” pour cette opération, selon un communiqué publié à New York et
posté mercredi sur le site du groupe russe.
Arcelor devrait étudier cette offre révisée,
qui permettrait notamment de limiter l’influence du jeune milliardaire russe
ambitieux sur le groupe issu de la fusion, lors d’un conseil
d’administration prévu mercredi à Luxembourg.
Dans l’attente des résultats du CA, le titre
Arcelor était suspendu mercredi à la Bourse de Paris depuis 11H00 GMT, ainsi
que sur les trois autres Bourses où le groupe est coté, pour une durée
indéterminée, a annoncé l’Autorité des marchés financiers.
Le patron d’Arcelor Guy Dollé s’était engagé
mardi à New-York où il participait à une conférence professionnelle à
“améliorer” les conditions de l’alliance avec Severstal annoncée fin mai.
L’irruption du groupe russe dans la bataille
entre Arcelor et l’indien Mittal Steel avait déclenché une fronde
d’actionnaires minoritaires, craignant que les Russes prennent à terme le
contrôle du groupe européen.
“Severstal n’est pas bien connu, mais tout le
monde dans ce secteur sait que (le fait de s’allier au groupe russe)
représente un bon accord pour les actionnaires” d’Arcelor, a plaidé Guy
Dollé mardi.
Le Pdg
d’Arcelor Guy Dollé lors d’une conférence de presse, le 2 juin 2006 à
Madrid
Mais les actionnaires minoritaires ont forcé
Arcelor à reporter sine die une assemblée générale convoquée mercredi pour
voter un rachat massif d’actions qui aurait eu pour conséquence de faire
encore grimper la part de Severstal à 37,5% d’Arcelor.
Après trois semaines d’entretiens avec les
actionnaires d’Arcelor, M. Mordachov dit avoir pris en compte leurs
réactions et se dit “certain que la nouvelle proposition répond à leurs
exigences”, selon le communiqué.
Avec cette réduction de sa part à 25%, M.
Mordachov recevrait ainsi 210 millions d’actions d’Arcelor au lieu des 295
millions prévues au départ.
Et le chèque de 1,25 milliard d’euros que
l’homme d’affaires russe envisageait de remettre en plus de l’apport des
actifs de Severstal serait annulé, précise ce communiqué.
M. Mordachov propose encore d’abandonner la
présidence non-exécutive du Conseil d’administration d’Arcelor, qu’il devait
occuper selon l’accord conclu le 26 mai et annule en contrepartie son
engagement de voter conformément aux recommandations du conseil
d’administration.
En outre, le nouvel accord obligerait M.
Mordachov à lancer une OPA si sa part venait à dépasser 33,3% et il ne
comprend pas l’interdiction pour M. Mordachov, précédemment mentionnée, de
ne pas accroître son niveau de participation dans Arcelor pendant 4 ans et à
ne pas céder ses actions pendant 5 ans.
“Les termes révisés sont beaucoup plus
attractifs pour les actionnaires d’Arcelor et reflètent une évaluation des
actifs apportés par M. Mordachov qui est extrêment convaincante”, assure
Severstal.
Mais de nombreux actionnaires d’Arcelor
estiment que l’offre de Mittal, numéro un mondial de l’acier, est plus
intéressante, et le groupe indien mène campagne pour parvenir à ses fins.<
Mardi, Mittal s’est offert une pleine page de
publicité dans une bonne partie de la presse quotidienne nationale française
et les plus grands journaux anglophones afin d’inviter les actionnaires d’Arcelor
à repousser lors de l’assemblée générale du 30 juin le rapprochement avec
Severstal, “pilule empoisonnée pour contrer notre offre publique”.