[22/06/2006 14:19:26] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a révisé jeudi à la baisse ses ambitions pour le transport ferroviaire, préférant rendre moins polluante une route omniprésente plutôt que de chercher coûte que coûte un rééquilibrage vers le rail. Pour Bruxelles, qui présentait un bilan à mi-parcours de sa politique des transports d’ici 2010, les enjeux pour l’UE sont aujourd’hui les mêmes qu’en 2001 : offrir un “haut degré de mobilité” aux Européens tout en “protégeant l’environnement” et en “assurant une sécurité énergétique”. Mais alors qu’elle mettait il y a cinq ans l’accent sur la nécessité d’enrayer le déclin du rail par rapport à la route, la Commission préfère aujourd’hui “optimiser le potentiel de chaque mode de transport pour atteindre les objectifs de systèmes propres et efficaces”. “Il faut que la route, dont on ne peut pas se passer, soit aussi plus verte”, a souligné devant la presse le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot. Il n’est pas question d’abandonner le développement du rail, mais “il faut aussi admettre qu’il faut d’abord vivre avec la route”, a expliqué une source communautaire. La Commission se félicite du “coup d’arrêt qui a été donné au déclin relatif du transport ferroviaire de marchandises depuis 2001”. Mais elle constate aussi que la route s’adjuge encore “la plus grande part des transports à l’intérieur de l’UE, avec 44% du fret et environ 85% des voyageurs”. Du coup, Bruxelles préfère miser sur le développement du ferroviaire là où il est concurrentiel: sur les longues distances ou les corridors saturés, notamment les traversées alpines comme la liaison Lyon-Turin, ou le tunnel du Brenner entre l’Autriche et l’Italie. Elle promet aussi de rendre le rail européen plus efficace en imposant progressivement, à partir de 2009, un système harmonisé de contrôle de vitesse des trains, qui doit remplacer les 20 systèmes existants. Mais cette réorientation de la politique européenne des transports, qui se veut plus “pragmatique”, a déclenché les foudres des eurodéputés Verts. M. Barrot, en laissant de côté un objectif au coeur de la politique des transports depuis 5 ans, a “cédé au lobby du transport routier”, dénoncent les élus Eva Lichtenberger (Autriche) et Michael Cramer (Allemagne). La Communauté européenne du rail, qui réunit les sociétés de chemin de fer nationales, a salué l’engagement de Bruxelles pour des modes de transports respectueux de l’environnement. Mais, comme les Verts, elle continue de militer pour une plus grande contribution de la route aux coûts des transports pour la société. En 2001, Bruxelles avait demandé aux Etats membres de l’UE de faire davantage payer aux transporteurs routiers les coûts d’infrastructures (construction, entretien des routes, ponts, tunnels, etc) mais aussi ceux dits “externes”, c’est-à-dire liés aux accidents, aux nuisances sonores et aux embouteillages. Depuis, les 25 ont entériné un système harmonisé de péage pour les camions — l’Eurovignette, que les Etats-membres ont deux ans pour appliquer — qui reflète les coûts d’infrastructures mais pas encore les frais “externes”. Ils ont seulement demandé à Bruxelles de plancher, d’ici 2008, sur une méthode de calcul de ces coûts indirects. Face à la dépendance énergétique croissante de l’UE et à des cours du pétrole de plus en plus élevés, la Commission cherche aussi à rendre le secteur moins “énergivore” et devrait présenter l’an prochain un “plan technologique stratégique” sur l’énergie dans les transports. Les transports absorbant 71% du pétrole consommé dans l’UE, l’objectif de Bruxelles est d’améliorer “le rendement énergétique des carburants automobiles” et de “remplacer progressivement le pétrole par d’autres combustibles” comme les biocarburants, l’hydrogène et l’électricité. |
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