[24/06/2006 16:26:44] BRUXELLES (AFP) Le ministère belge de la Justice a annoncé samedi le lancement d’enquêtes sur l’espionnage par le gouvernement américain, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, des transactions financières internationales passant par la société Swift, basée en Belgique. L’affaire a été révélée vendredi par la presse américaine et a rebondi samedi en Belgique et aux Pays-Bas, où la presse a affirmé que des ministres et les banques centrales des deux pays étaient au courant des opérations d’espionnage menées par les Américains. La ministre belge de la Justice, Laurette Onkelinx, a démenti avoir été informée et a annoncé samedi le lancement d’une double enquête, l’une de la Sûreté de l’Etat (le service de renseignement belge), l’autre de la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF). La CTIF, une autorité administrative indépendante créée par le gouvernement belge en 1993 dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent d’origine criminelle, devra “faire une analyse juridique pour voir si tout ce qui a été fait l’a été en respect des règles du droit belge”, a précisé la porte-parole de la ministre. Swift (Society for Worlwide Interbank Financial Telecommunication) est une entreprise installée en Belgique qui joue un rôle d’intermédiaire pour la plupart des transactions financières mondiales. Swift ne gère pas les transferts, mais les informations sur ces transferts, pour le compte de 7.800 organismes financiers. La presse américaine a relevé que l’espionnage des banques de données de Swift posait une nouvelle fois la question du respect de la vie privée, après le programme controversé d’écoutes téléphoniques à grande échelle de Washington. La Banque nationale de Belgique, qui est le “superviseur principal” de Swift, selon le site internet de l’entreprise, a reconnu être au courant de la transmission d’informations aux autorités américaines. “Nous avions eu l’information dans le cadre de nos activités de surveillance” de Swift, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la BNB, se refusant à dire quand. La BNB a affirmé qu’elle n’avait pas vu de problème déontologique à ces échanges d’informations, ajoutant que la surveillance déontologique n’entrait d’ailleurs pas dans ses responsabilités. La BNB est chargée d’une “surveillance externe” de Swift, c’est-à-dire qu’elle doit “vérifier un certain nombre de standards de bon fonctionnement” afin d’assurer la bonne marche du secteur financier dans son ensemble, a-t-elle expliqué. La divulgation d’informations relève de “la responsabilité de l’entreprise (Swift) vis-à-vis de ses clients”, a encore estimé la banque centrale. La BNB a en outre expliqué que les bases de données de Swift étaient situées aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, et que leur gestion était soumise aux législations de ces pays. Selon la radio publique néerlandaise NOS samedi, la banque nationale des Pays-Bas (DNB), qui participe à la supervision de Swift, était elle aussi informée de l’espionnage américain. Contactée par l’AFP, la DNB n’était cependant pas joignable pour commenter cette information. Outre les banques centrales belges et néerlandaises, les plus importantes banques mondiales participent à la supervision de Swift: la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE), les Banques du Japon, d’Angleterre, d’Allemagne, de France, de Suisse, d’Italie, de Suède et du Canada. Quant aux deux autres personnalités politiques belges mises en causes par la presse, le Premier ministre Guy Verhofstadt a affirmé qu’il avait appris cette affaire vendredi par la presse américaine, tandis que le ministre des Finances Didier Reynders n’a pas répondu à l’AFP. |
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