Jaloul Ayed, banquier itinérant

 
 


jelloul90.jpgInconnu au Maroc il y a huit ans, Jaloul Ayed y est aujourd’hui
aussi célèbre que le loup blanc, en particulier depuis deux ans. Président
du Directoire de BMCE Capital, et directeur général de la BMCE elle-même,
ancien président de l’American Chamber of Commerce de Casablanca, et membre
du Conseil marocco-américain pour le Commerce et l’Investissement, ce
Tunisien s’est également imposé sur la scène marocaine par ses talents de

compositeur de musique classique et de pianiste.

Mercredi 31 mai dernier était un grand jour pour la Banque Marocaine du
Commerce Extérieur, car il a vu l’officialisation du premier pas dans la
stratégie d’expansion au Maghreb de la deuxième plus importante banque du
Maroc -après Attijariwafabank qui, ce n’est probablement pas le fait du
hasard, avait racheté en décembre 2005, 53% du capital de la Banque du Sud-,
avec l’inauguration officielle du siège d’Axis Capital, sa filiale
tunisienne depuis quelques mois. Pour cet événement, la BMCE avait déplacé à
Tunis une très forte délégation, dirigée par M. Omar Benjelloun, patron du
groupe éponyme auquel cette banque appartient.

Mercredi 31 mai était aussi un jour à marquer doublement d’une pierre
blanche pour Jaloul Ayed, administrateur directeur général de BMCE Bank et
président du Directoire de BMCE Capital. D’abord, parce que la percée de
cette banque en Tunisie est avant tout son oeuvre -d’ailleurs c’est Jaloul
Ayed qui, avec les trois actionnaires tunisiens d’Axis Capital (MM. Ahmed
Benghazi, Férid Ben Brahim et Ramzi Hamzaoui), qui a signé le carton
d’invitation à l’inauguration. Ensuite, parce que cet événement marque aussi
le retour par la grande porte du patron de BMCE Capital dans son pays :
Jaloul Ayed est en effet Tunisien.

Cela fait bientôt vingt ans que ce banquier itinérant, originaire de Sousse,
a quitté la Tunisie. Une fois sa maîtrise d’économie obtenue à Tunis en
poche, le jeune Jaloul s’en est allé poursuivre ses études aux Etats-Unis
grâce à une bourse. L’un des membres de la commission lui ayant décerné
la bourse se rappelle d’un «jeune très brillant» lors de l’interview, et qui
n’a eu aucune peine à convaincre le jury de lui faire confiance.

Diplômé des universités de Maryland et de Floride, Jaloul Ayed se fait
engager par la Citibank à son retour en Tunisie, au début des années
quatre-vingts. Il y passera dix-huit ans au cours desquels le jeune banquier
s’occupe notamment des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, acquiert
un savoir-faire dans la conception et la mise en ouvre de stratégies
commerciales dans divers environnements géographiques et culturels et se
tisse un important réseau relationnel.

Nommé «représentant résident» de Citibank en 1983, Jaloul Ayed fait ensuite
son entrée dans le comité de crédit avant de devenir vice-président en 1986.
Vers le milieu des années quatre-vingts dix, on le trouve à Londres où il
est «négociateur senior» en «crédits globaux», toujours pour le compte de
Citibank ; un poste dans lequel Jaloul Ayed devient un spécialiste de la
structuration et de la syndication de prêts, du «Projet finance» et de biens
d’autres activités du marché des capitaux.

En 1998, il se fait repérer de M. Othmen Benjelloun qui a justement besoin
d’un tel profil et lui propose le poste de directeur générale de BMCE
Capital, la banque d’affaires du groupe Benjelloun. A l’époque inconnu au
Maroc, Jaloul Ayed y est aujourd’hui aussi célèbre que le loup blanc, en
particulier depuis deux ans. En effet, 2004 est un peu pour lui l’année du «Big
Bang» sur la scène marocaine.

Outre une reconnaissance unanime de ses qualités de banquier -en plus de la
présidence du Directoire de BMCE Capital, il s’est vu confier le poste de
directeur général de la BMCE elle-même-, Jaloul Ayed révèle aussi au monde
en cette année-là ses talents de musicien. Compositeur de musique classique
et pianiste, il donne en mai 2004 son premier concert,
avec l’orchestre philharmonique du Maroc. Il récidive un an plus tard, en
juin 2005, car son patron, Othmen Benjelloun, sentant le filon en termes
d’images, l’y encourage fortement. Ce qui n’empêche pas le patron de BMCE
Capital de développer en même temps sa présence au sein de la communauté
d’affaires marocaine.

Président de l’American Chamber of Commerce de Casablanca de 1993 à 1995 -et
aujourd’hui son président honoraire-, Jaloul Ayed est aujourd’hui membre du
Conseil Marocco-américain pour le Commerce et l’Investissement.