[26/06/2006 16:13:45] PARIS (AFP) Le gouvernement a donné lundi un coup de pouce de 0,3% au Smic, qui sera revalorisé de 3,05% au 1er juillet, mais cette hausse ne satisfait ni les syndicats qui la jugent “insuffisante”, ni le patronat qui fustige une “décision électorale”. Le ministre de l’Emploi Jean-Louis Borloo a annoncé officiellement aux partenaires sociaux que le Smic horaire augmenterait de 3,05% au 1er juillet, à 8,27 euros bruts, soit 1.254,28 euros mensuel. En euros nets, le Smic mensuel restera cependant sous la barre des 1.000 euros, passant à 986 euros. Cet “effort significatif” est une “réponse à la demande très, très forte des Français sur le pouvoir d’achat”, a déclaré M. Borloo, soulignant qu’en quatre ans, le Smic horaire a “augmenté de plus de 20%, soit la hausse la plus importante depuis les accords de Grenelle” de 1968. L’harmonisation par le haut des différents Smic issus des 35 heures, achevée en 2005, a en effet entraîné une hausse de 17,6 du Smic le plus bas – c’est-à-dire le Smic horaire – au cours des trois dernières années. Après ces trois années dérogatoires, la revalorisation du Smic, redevenu unique, a été de nouveau fixée cette année selon les règles de calcul traditionnelles. Elle est égale à l’évolution des prix, à laquelle s’ajoute la moitié de la hausse du pouvoir d’achat du salaire horaire ouvrier. A cette hausse “mécanique” (+2,75% cette année), le gouvernement a décidé d’ajouter un “coup de pouce” de 0,3%, portant la revalorisation totale du Smic à 3,05%.
Ce “coup de pouce” fait partie, selon M. Borloo, d’une “stratégie globale” du gouvernement en faveur du pouvoir d’achat, au même titre que le développement de la participation ou la prime pour l’emploi, qui augmentera de 200 euros à la rentrée pour passer à 700 euros. “Nous n’avons pas oublié les manifestations du 10 mars 2005”, sur la question des salaires qui avaient rassemblé entre 570.000 et un peu plus d’un million de manifestants à l’appel de l’ensemble des syndicats, a assuré M. Borloo. A l’issue de ces manifestations, le gouvernement avait incité patronat et syndicats à négocier sur les salaires minima dans les branches professionnelles. Depuis mars 2005, les négociations ont permis de les relever de 4,7% en moyenne, a-t-il rappelé. Mais pour les syndicats, qui mettent en avant les difficultés croissantes de certains salariés, le compte n’y est pas. “C’est très décevant. Cette hausse représente une augmentation de 24 centimes d’euros par heure pour les salariés payés au Smic”, a déclaré Michèle Biaggi (FO), estimant que “la question salariale n’est pas une préoccupation pour le gouvernement”. La CGT, qui avait exigé un Smic à 1.500 euros au 1er juillet, est “profondément révoltée par cette mesure”, a indiqué Maryse Dumas, appelant “l’ensemble des syndicats et des salariés dans les entreprises à multiplier les conflits et les actions unitaires”. Jugeant que la décision du gouvernement ne “permettait pas de résoudre les problèmes salariaux” en France, Laurence Laigo (CFDT) a réclamé “la tenue d’une conférence sur les revenus”. Côté patronal, le Medef a en revanche fustigé une “décision électorale”. “Le Smic est un revenu, mais aussi un coût et son augmentation régulière est une des explications de l’augmentation du chômage pour les salariés les moins qualifiés”, a affirmé son représentant Denis Gautier-Sauvagnac. |
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