[27/06/2006 09:54:41] LUXEMBOURG (AFP) Les groupes sidérurgiques Arcelor et Mittal Steel ont présenté lundi leur projet de fusion, un “mariage de raison” qui va donner naissance à un géant mondial de l’acier. Baptisé Arcelor-Mittal, le groupe ne sera pas dirigé par le patron d’Arcelor Guy Dollé, évincé après voir mené bataille contre Mittal pendant cinq mois. “J’espère que ce mariage de raison aboutira à terme à un mariage du coeur”, a déclaré le président du conseil d’administration d’Arcelor Joseph Kinsch, qui a mené tout le week-end des négociations avec Mittal. “Je crois que ce mariage va durer”, s’est réjoui Lakshmi Mittal, le patron du groupe néerlandais éponyme. En France, où l’annonce de l’OPA de Mittal le 27 janvier avait été mal accueillie, le président de la République Jacques Chirac a jugé lundi “acceptable” le nouveau projet, car l’offre, d'”inamicale au départ”, est devenue “amicale”. Le Parti socialiste français a dénoncé une “capitulation en rase campagne” du gouvernement, jugeant la fusion contraire au patriotisme économique. “L’argent a gagné”, a déploré son porte-parole Julien Dray. Les syndicats ont fait part de leur inquiétude pour l’emploi et accusé les marchés d’avoir gagné. “C’est la Bourse qui gagne”, selon l’un des plus importants d’entre eux la CGT. Lundi les patrons des deux groupes ont donné une conférence de presse commune dans le fief d’Arcelor à Luxembourg, dans une ambiance glaciale. “Des deux côtés, nous ne devons pas avoir de regret après la finalisation de l’accord”, a déclaré M. Kinsch, sans un regard pour M. Mittal. L’offre d’achat de Mittal, annoncée le 27 janvier, a finalement été recommandée dimanche à l’unanimité par la direction d’Arcelor. Elle valorise Arcelor à 25,4 milliards d’euros, a précisé M. Kinsch. Cette OPA, qui devait se conclure le 5 juillet, se terminera à la mi-juillet, “peut-être avant”, a affirmé Aditya Mittal, directeur financier de Mittal et fils de Lakshmi. D’ici là, les actionnaires d’Arcelor sont appelés vendredi à se prononcer pour ou contre l’accord passé fin mai avec le russe Severstal. Si l’offre de Mittal Steel était approuvée, la prime de 6,5 milliards d’euros promise aux actionnaires d’Arcelor ne sera pas versée, a par ailleurs annoncé Arcelor. Cette prime devait être versée uniquement dans le cas où l’offre de Mittal Steel, alors hostile, ne réussirait pas.
Le groupe de l’Indien Lakshmi Mittal, cinquième fortune mondiale, a arraché l’accord de la direction du groupe européen en relevant son offre et en acceptant d’être minoritaire dans le nouvel ensemble. Mittal proposera aux actionnaires 40,4 euros par action Arcelor, contre 37,74 euros jusque-là et un peu plus de 28 euros en janvier. L’offre est mixte (69% en titres, 31% en cash), le total en cash étant de 8,5 milliards d’euros. Les actionnaires actuels d’Arcelor détiendront 50,6% du nouveau groupe et ceux de Mittal 49,4%, dont 43% pour la famille Mittal. Arcelor-Mittal produira 116 millions de tonnes par an, réalisera un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros et comptera 320.000 salariés avant restructurations. Cette annonce a été diversement accueillie dans le monde. En Inde, le ministre des Finances Palaniappan Chidambaram s’est dit “fier” de voir un homme d’affaires né en Inde devenir “le plus grand fabricant de métal du monde”. En Russie, en revanche, la pilule avait du mal à passer alors qu’Arcelor avait annoncé fin mai un accord en vue d’un mariage avec Severstal, qui s’est dit “très surpris” de cette annonce. Le ministre luxembourgeois de l’Economie Jeannot Krecké a assuré que son gouvernement apporterait son soutien au nouveau groupe. Le Grand Duché détient actuellement 5,6% du capital d’Arcelor. Le marché a salué ce futur mariage. Le titre Arcelor, dont la cotation a repris lundi à 11H00 GMT, a bondi de 7,94% à 37,80 euros. |
||||
|