Allemagne : les industriels galvanisés par l’euro moins fort et le foot

 
 
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Des ouvriers montent des échafaudages devant le Reichstag de Berlin en vue de l’installation d’un écran géant pour le Mondial de foot, le 19 avril 2006 (Photo : Clemens Bilan)

[27/06/2006 11:48:07] FRANCFORT (AFP) Contre toute attente, le moral des industriels allemands a grimpé en juin à un nouveau sommet depuis plus de 15 ans, un optimisme auquel le Mondial-2006 n’est pas étranger et qui attise les spéculations d’une remontée plus rapide que prévu des taux directeurs.

Une légère érosion de l’indice Ifo, qui mesure le moral des entrepreneurs allemands, était attendue en juin, comme le mois précédent. Au lieu de cela, le baromètre a monté, avec 106,8 points, à son plus haut niveau depuis février 1991, en pleine période du boom économique qui a suivi la réunification allemande, selon un communiqué de l’institut Ifo publié mardi.

“Impressionnant”, réagit l’analyste d’UBS Stephane Deo. Pour les économistes, un euro moins fort face au dollar et les nouvelles favorables livrées par les dernières statistiques industrielles peuvent expliquer le moral à toute épreuve des chefs d’entreprises.

Mais pas seulement. “L’euphorie liée à la Coupe du monde de football et la bonne performance jusqu’ici de l’équipe allemande a peut-être aussi contribué à augmenter la confiance”, estime Erik Sonntag, analyste chez ING, comme de nombreux confrères.

Le baromètre Ifo est un instrument jugé fiable dans le pays pour anticiper l’évolution de l’économie allemande. Pour Gebhard Flaig, directeur de l’institut, aucun doute: le résultat du sondage de juin prouve que “la reprise économique reste robuste”.

Pourtant, la crédibilité du baromètre commence à être mise en doute. Depuis plus d’un an, il enregistre des “hausses spectaculaires”, mais parallèlement le redressement de la première économie de la zone euro “reste particulièrement modeste”, souligne Alexandre Bourgeois, analyste chez Natexis Banques Populaires.

Le Produit intérieur brut (PIB), après avoir augmenté de seulement 1% en 2005, devrait croître de 1,6% cette année selon le gouvernement de Berlin, voire jusqu’à 2% selon certains économistes.

Au-delà du débat sur la fiabilité de l’Ifo, les analystes constatent que le regain de confiance des industriels est généralisé en Europe.

“Outre l’Allemagne, le climat des affaires s’est aussi amélioré en juin en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique. Il s’est légèrement assombri en France mais reste à un niveau élevé”, souligne Holger Sandte, analyste à la WestLB.

Cette confiance appuie le scénario de la Banque centrale européenne (BCE) qui table sur un redressement progressif de l’économie de la zone euro. Les gardiens de l’euro, le président de la BCE Jean-Claude Trichet en tête, ont par ailleurs multiplié les mises en garde contre une menace de surchauffe inflationniste ces derniers jours, laissant de nouveau clairement entendre que de nouvelles hausses de taux sont au menu.

La majorité des économistes s’attend toujours à un léger relèvement de taux fin août. Mais après l’Ifo de juin, “la BCE pourrait discuter d’une accélération du rythme des hausses de taux”, estime M. Sonntag. Pour son confrère de la WestLB, “il est fort possible” que la BCE resserre les conditions du crédit lors de son conseil de début août, qui se tient pourtant chaque année via une conférence téléphonique. Interrogé à ce sujet, l’un des responsables de la BCE, le président de Banque centrale belge, Guy Quaden, a récemment répliqué qu’il n’y avait pas de “tabou”.

D’autres économistes pensent qu’elle pourrait décider d’une remontée d’un demi-point fin août, après avoir à trois reprises depuis six mois relevé ses taux à petit pas.

Il y a un mois, après d’annonce d’une hausse d’un quart de point du principal taux de la zone euro à 2,75%, Jean-Claude Trichet avait déjà reconnu que le conseil avait débattu d’un tour de vis plus sévère, de 50 points de base.

 27/06/2006 11:48:07 – © 2006 AFP