[28/06/2006 15:22:39] GENEVE (AFP) L’heure de vérité est arrivée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), où les 149 pays membres ont jusqu’à dimanche pour parvenir à un accord sur la baisse des barrières douanières dans le monde, sans nouvelle possibilité de reculade. “L’heure de vérité est arrivée. Je ne pense pas que nous puissions reporter davantage cette décision”, a averti mercredi le directeur général de l’organisation, Pascal Lamy, alors qu’une soixantaine de ministres était attendue à Genève pour tenter de sauver quatre années et demie de négociations. Jusqu’à dimanche, voire au-delà, les 149 pays membres vont négocier sans interruption le pan le plus délicat du cycle de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar: la réduction des subventions et des droits de douane agricoles ainsi que la baisse des tarifs douaniers sur les produits industriels. Les négociations, qui visent à rendre les échanges mondiaux plus équitables en faveur des pays du Sud, auraient déjà dû s’achever à la fin de 2004. Mais les différends entre les Etats ont repoussé l’échéance à plusieurs reprises. Cette fois, M. Lamy a averti qu’aucun report ne pourrait être accordé, face à l’expiration, dans un an, des pouvoirs spéciaux de négociation commerciale de l’administration américaine.
“Si nous faisions cela, cela mettrait l’ensemble du projet en danger. Reporter la décision mènerait à l’échec assuré”, a-t-il estimé. Un échec des pourparlers cette semaine risquerait de geler les négociations pendant plusieurs années et d’annueler les avancées déjà acquises par les pays en développement, comme la disparition des subventions agricoles à l’exportation à l’horizon de 2013. Mais mardi, la représentante américaine au Commerce, Susan Schwab, a estimé qu’un nouveau ratage à Genève n’entraînerait pas nécessairement l’échec du cycle de Doha. “Nous n’allons pas nous faire bousculer pour conclure un accord juste pour respecter une date limite”, a-t-elle déclaré à la presse. M. Schwab, sous pression de partenaires qui exigent davantage de réductions dans les subventions aux agriculteurs américains, a répété que de telles concessions dépendaient des baisses de droits de douane qu’accepteraient les autres pays sur leurs importations de denrées agricoles. Interrogé sur les concessions que les différents acteurs doivent consentir, M. Lamy a estimé que la négociation pourrait déboucher sur une limitation à 20 milliards de dollars au maximum par an pour les subventions américaines.
La baisse des droits de douane pourrait se situer selon lui aux alentours de la proposition des pays émergents du G20 (-54%) pour les produits agricoles. Quant aux tarifs sur les produits industriels, ils devraient être ramenés sous un plafond de 20% pour les pays en développement. Tous les participants se disent prêts à des concessions mais les font systématiquement dépendre de gestes réciproques de la part de leurs partenaires. Face au blocage, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en garde contre les risques d’échec. Un échec serait “une catastrophe”, a jugé le Premier ministre britannique Tony Blair. “Laisser passer cette chance (de mieux réguler le commerce) serait rien moins que catastrophique”, a averti en écho le ministre indien du Commerce, Kamal Nath. Le ministre français de l’Agriculture, Dominique Bussereau, a affirmé que la France “préférait un échec à un mauvais accord”, mettant en garde le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, qui négocie au nom des Vingt-cinq, contre toute concession. “Il faut être attentif au risque d’une nouvelle offre agricole américaine qui serait purement cosmétique et à laquelle on nous demanderait de répondre”, a déclaré M. Bussereau. |
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