Selon
une étude de la Banque mondiale, l’impact du démantèlement de l’Accord
multifibre (AMF) sur le secteur textile/habillement en Tunisie, en Jordanie,
au Maroc et en Egypte a été certes néfaste mais moins dramatique que prévu.
Ceci étant, ces quatre pays ont enregistré une baisse de leurs exportations.
C’est le cas, par exemple, de la Tunisie et Maroc qui vu leurs exportations
vers l’UE chuter respectivement de 7,4% et 5,8% en 2005 par rapport à 2004,
et ce aux dépens de la Chine, l’Inde et de la Turquie ont augmenté chacun
d’eux leurs exportations de 41,5, 18 et 3,8%.
L’étude précise que l’analyse des données, qui porte sur les produits
effectivement libérés de l’emprise des quotas en 2004, montre que la Tunisie
a mieux résisté aux bouleversements créés par l’accroissement des
exportations chinoises et indiennes. Car, concernant les produits
libéralisés en 2005 pour lesquels les exportations de la Chine ont augmenté
de 81%, les exportations de la Tunisie ont baissé de 3,7% et celles du Maroc
de 8,9%.
L’étude donne également quelques indications sur les facteurs de
compétitivité dans un monde sans quotas. Elle souligne, à cet égard, que la
concurrence sur le marché de l’Union européenne s’est fortement accrue
depuis 2000 et a permis à des pays comme la Turquie, la Roumanie, la
Bulgarie et la Chine d’augmenter leurs parts de marché. Et faire remarquer
que ‘’la faible compétitivité de la Tunisie et du Maroc concernant les
produits de base est principalement due au coût élevé des tissus utilisés si
l’on considère que le tissu représente 60% du prix total’’. Comprendre
par-là que, selon la définition traditionnelle du concept de compétitivité,
la Tunisie et le Maroc peuvent être considérés comme des pays peu
compétitifs.
Mais l’étude va plus loin pour la compréhension du concept compétitivité, en
combinant la définition traditionnelle avec le rôle de la distance par
rapport aux marchés d’exportation. Ainsi, on considère qu’il est de plus en
plus courant de s’approvisionner à fréquences rapides et en petites
quantités pour réduire les coûts de stockage et mieux s’adapter à la
demande. ‘’Dans cette optique, la Tunisie et le Maroc tirent un avantage
considérable de l’effet de la proximité’’, souligne l’étude de la Banque
mondiale.
Cependant, la pérennité du secteur dépend des mesures à prendre telle que la
mise en place de politiques conduisant à un approvisionnement rapide en
intrants à des prix compétitifs. Sur ce point, la signature par le Maroc et
la Tunisie d’un accord de libre-échange avec la Turquie peut s’avérer d’une
utilité importante pour le secteur d’autant plus que et accord leur permet
de se procurer des tissus moins chers qu’en UE. Aussi, le parachèvement
prochain de l’espace de libre-échange Paneuromed est de nature à rendre
possible un cumul diagonal d’origine avec un nombre de pays plus grand dans
le Bassin méditerranéen. Sans oublier que, dans une perspective à plus long
terme, les pays de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA)
devraient négocier une règle d’origine de tierce partie laissant la
flexibilité de se procurer le tissu n’importe où dans le monde.
Pour finir, l’étude de la Banque mondiale rappelle les mesures prises par la
Tunisie et les dispositifs de soutien propres au Maroc, et énonce quelques
orientations pour ajuster le secteur textile/habillement, notamment créer
les conditions pour que le maximum d’entreprises puissent rejoindre le
segment haut de gamme, abandonner progressivement la sous-traitance au
profit d’un contrôle de l’ensemble du processus de production et insérer
dans les activités des entreprises des métiers nouveaux (design, sourcing et
marketing). Tout un programme !