[29/06/2006 12:08:09] FRANCFORT (AFP) Même si le football a aidé un peu, l’éclaircie plus franche que prévue sur le front du chômage en Allemagne au mois de juin fait renaître l’espoir d’une amélioration durable du marché de l’emploi dans le pays. “Quelque chose bouge sur le marché de l’emploi”: le vice-chancelier et ministre du Travail, Franz Müntefering, habituellement prudent dans ses commentaires sur le sujet très sensible du chômage, laisse percer jeudi une note d’optimisme. En juin, le nombre de sans-emploi est descendu à 4,397 millions, soit environ 138.000 de moins qu’en mai, a annoncé l’Agence pour l’emploi. Comparé à juin 2005, il a baissé de plus de 383.000, “le recul le plus fort pour un mois de juin depuis la réunification” allemande, a souligné le ministre pour qui les chiffres sont sans conteste “encourageants”. Cela correspond à un taux de chômage brut qui n’intègre pas les variations saisonnières et calendaires (CVS) mais fait référence dans le débat public en Allemagne, de 10,5% contre 10,8% en mai et 11,7% en 2005. “Une évolution réjouissante”, a réagi le président de l’Agence Frank-Jürgen Weise lors d’une conférence de presse à Nuremberg (sud). “Pendant ce mois de juin, le chômage a baissé plus fortement que d’ordinaire à la même période. La demande de main-d’oeuvre reste élevée”.
Et même en CVS, la performance de juin est meilleure que prévu par les économistes, qui pariaient sur un taux de chômage de 11% de la population active comme en mai. Il est en fait tombé à 10,9%, selon la Bundesbank, soit son plus bas niveau depuis décembre 2004. Le mois de juin est en général favorable à l’emploi, en raison du regain de la demande dans les métiers de plein air comme le bâtiment. Le Mondial-2006, et la pléthore de petits boulots pour la plupart temporaires, qu’il crée dans le tourisme ou la restauration, a amplifié le phénomène, estiment de nombreux économistes. Mais pour M. Müntefering, les chiffres de juin, faisant suite à ceux de mai déjà positifs, “dessinent une tendance” à l’amélioration. Ils constituent aussi selon lui “un devoir et une motivation pour la politique et l’économie”. Pour les premiers, à continuer leur programme de réformes, et pour les seconds “à faire en sorte qu’il y ait plus de travail, plus d’opportunités d’emploi et plus de formation” au sein des entreprises. Car il reste un long chemin à parcourir avant d’assiter à un rétablissement durable du marché de l’emploi, jugent les économistes. Le nombre des personnes occupant un emploi s’est certes étoffé en mai, mais principalement grâce aux petits boulots subventionnés, tandis que les emplois soumis à cotisations sociales, s’ils ne baissent plus, font néanmoins du surplace, estime Jörg Lüschow, de la WestLB. Pour Sylvain Broyer, analyste chez IXIS, le redressement du marché du travail reste laborieux. “Cela fait seulement deux mois que les annonces sur l’emploi sont encourageantes (…) La situation ne s’améliore pas aussi vite que l’activité industrielle pourrait le laisser suggérer”, relève-t-il. Si rétablissement il y a, il sera très lent. “La tendance légèrement positive devrait se poursuivre pendant la deuxième partie de l’année, mais nous ne prévoyons pas une nouvelle accélération de la croissance de l’emploi”, indique Matthias Rubisch, analyste à la Commerzbank. Avec un chômage toujours élevé, la consommation, traditionnelle point faible de la première économie de la zone euro, n’est pas prête de repartir, d’autant plus que des relèvements d’impôts se dessinent, en particulier celui de la Taxe sur la valeur ajoutée début 2007, estiment les experts. |
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