[29/06/2006 22:31:39] GENEVE (AFP) Les discussions engagées à l’OMC pour sauver quatre ans et demi de négociations sur un nouvel ordre commercial mondial paraissaient dans l’impasse jeudi soir à Genève avant même d’avoir officiellement commencé. “Il est très peu probable que nous parvenions à un accord ce week-end”, a déclaré Peter Power, porte-parole du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, à l’issue d’une réunion entre six acteurs importants de l’OMC (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, UE). Cette réunion, organisée en prélude à une réunion des 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce vendredi, n’a visiblement pas permis de mettre la discussion sur les rails, mais l’a au contraire compliquée. “Les positions sont trop distantes les unes des autres”, a expliqué M. Power, précisant qu’une autre réunion aurait lieu fin juillet pour tenter de parvenir à l’accord qui semble impossible à concrétiser à la fin de ce mois. “Nous devons tous travailler pour faire en sorte que la réunion de juillet réussisse”, a-t-il ajouté.
Les pays membres de l’OMC devaient tenter de résoudre les points les plus délicats du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 dans la capitale du Qatar pour instaurer un commerce mondial plus équitable envers les pays pauvres. La réunion de cette fin de semaine apparaissait comme une dernière chance pour parvenir à boucler l’ensemble du cycle avant la fin de l’année, faute de quoi un accord risque d’être hors de portée pour longtemps. Selon une source européenne, la réunion à six de jeudi soir a été concentrée sur la question des subventions agricoles des Etats-Unis, dont les partenaires de Washington exigent la diminution. Mais les Américains n’ont pas amélioré leur offre d’une baisse de 53%, jugée insuffisante par leurs homologues. “Ils doivent faire une véritable offre, sinon il ne sera pas possible d’avancer”, selon la même source européenne. Les subventions américaines sont au coeur des discussions de Genève, avec la question de la baisse des droits de douane, tant sur les produits agricoles que sur les produits industriels.
Mercredi, le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, est sorti de sa réserve habituelle en évoquant le chiffre “magique” de 20 pour un accord. M. Lamy a en tête la proposition du groupe des pays émergents (G20), qui réclament une baisse de 54% des droits de douane des pays développés sur les produits agricoles; une baisse à 20% maximum des droits de douane des pays en développement sur les produits industriels, et un plafond de 20 milliards de dollars par an pour les subventions agricoles américaines. Cette intervention du patron de l’OMC dans la négociation entre les pays membres a généré des réactions mitigées, surtout de la part des partenaires des Etats-Unis qui estiment que ce plafond de 20 milliards est trop généreux envers Washington. “Je ne pense pas qu’il y aura un compromis si ce plafond de 20 milliards est maintenu”, a déclaré le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim avant la réunion de jeudi soir. Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a carrément menacé de reprendre son avion si les Etats-Unis n’amélioraient pas leur offre de baisse de leurs subventions agricoles. Quant aux Etats-Unis, ils réclament un meilleur accès pour leurs produits agricoles à l’exportation en échange d’une baisse de leurs subventions. |
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