[29/06/2006 14:36:34] STRASBOURG (AFP) Dialectologues et informaticiens ont jusqu’à mars 2007 pour plancher sur une traduction alsacienne de la suite de logiciels Office de bureautique, qui deviendra ainsi bilingue pour la première fois au monde, a annoncé jeudi le président de Microsoft France, Eric Boustouller. Entre l’albanais et l’amharique d’Ethiopie, l’alsacien ne sera qu’une des cent langues dans lesquelles Office 2007 doit être disponible. Mais ce qui en fera une “première mondiale”, c’est que cette version d’Office “sera bilingue, à la fois en français et en alsacien”, a souligné M. Boustouller. Le projet, qui prévoit la traduction de 50.000 mots, servira de pilote à un système de logiciels bilingues qui pourra ensuite être étendu à d’autres langues régionales, pour peu que se trouvent des parties motivées pour défendre le projet, précise Microsoft. C’est l’un des arguments qui a pesé en faveur de l’Alsace, dotée d’une forte identité régionale et d’un dialecte encore bien implanté : 35% des Alsaciens parlent quotidiennement alsacien et 60% d’entre eux sont capables de le parler. Et si les quelque 600.000 dialectophones sont nettement plus âgés et plus ruraux que la moyenne, la moitié des jeunes Alsaciens sont encore en mesure de les comprendre. Aux termes d’un protocole de partenariat signé jeudi avec Adrien Zeller, président (UMP) du conseil régional d’Alsace, la région mobilise sur ce projet des étudiants et des chercheurs de l’institut de dialectologie de l’université Marc Bloch, sous la houlette de l’Office pour la langue et la culture d’Alsace (OLCA). Le géant américain des logiciels a engagé de son côté une équipe de concepteurs en interne, et subventionne l’OLCA à hauteur de 5.000 dollars (près de 4.000 euros). “Il ne s’agit pas de préserver un legs de l’Histoire sous une cloche de verre”, a souligné Adrien Zeller. “Nous ne faisons pas de l’identitaire, nous faisons de la valorisation du patrimoine”, notamment en adaptant ce dialecte aux technologies de l’information et de la communication. Car le projet implique aussi la création de nombreux néologismes, précise le professeur Raymond Matzen, 84 ans, chargé des travaux préliminaires. Sur les 2.500 premiers mots du glossaire de base déjà traduits, le dialectologue propose ainsi de remplacer navigateur par “webschnuffler” (littéralement ‘fureteur, renifleur du web’), ou clavier par “taschtbrett” (‘planche à touches’). Le problème, c’est qu’il existe plusieurs dialectes alsaciens, tels que le Haut-Rhinois et le Bas-Rhinois, et “presque autant de parlers qu’il y a de villages” dans la région, admet-il. C’est pourquoi plusieurs traductions pourront être proposées simultanément, sous forme de bulles accompagnant les déplacements de la souris. A terme, c’est même la nouvelle version du système d’exploitation Windows, Vista, qui pourra devenir bilingue, soulignent les responsables de Microsoft. Le groupe américain espère ainsi réduire la fracture numérique et linguistique, notamment vis-à-vis des seniors. |
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