EADS : Français et Allemands à l’heure des choix pour sortir de la crise

 
 
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Noël Forgeard lors de son audition le 28 juin 2006 par les députés à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : François Guillot)

[29/06/2006 16:29:26] PARIS (AFP) La réorganisation de la direction d’EADS, empêtré dans la crise, faisait encore l’objet jeudi d’intenses tractations entre Français et Allemands, qui pencheraient en faveur d’un départ du co-président Noël Forgeard mais hésitent à revoir la règle de co-gouvernance du groupe.

Ce sujet sensible devrait figurer au menu des discussions entre le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel, lundi lors d’un sommet franco-germano-polonais, si aucune solution de sortie de crise n’est trouvée d’ici là.

La maison mère d’Airbus est plongée dans la tempête depuis l’annonce mi-juin de retards de l’A380, et la vente controversée d’actions en mars par Noël Forgeard et d’autres dirigeants.

Une crise qui a révélé des dysfonctionnements en matière de gouvernance, partagée entre Français et Allemands à la présidence exécutive — Noël Forgeard et Tom Enders — et au conseil d’administration — co-présidé par les deux actionnaires de référence Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff pour DaimlerChrysler.

“Le système de décision est compliqué avec un binôme à chaque fois pour diriger une maison complexe. Est-ce une contrainte inéluctable ou est-ce que ça peut s’arranger?”, s’interrogeait jeudi une source officielle française.

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Le ministre de l’Economie Thierry Breton à l’Assemblée nationale à Paris, le 28 juin 2006 (Photo : Pierre Andrieu)

Sans détailler les différents scénarios à l’étude, le ministre français de l’Economie Thierry Breton a affirmé que “deux solutions” étaient “sur la table” et que l’Etat, détenteur de 15% d’EADS, soutiendrait celle préconisée par les actionnaires privés.

“Ce sera le groupe Lagardère qui la présentera et ce sera l’Etat qui la soutiendra”, a-t-il ajouté.

De son côté, DaimlerChrysler plaide avec véhémence pour l’éviction de Noël Forgeard, qui avait exaspéré les Allemands lors de sa campagne pour ravir la co-présidence d’EADS l’an dernier. Il réclame une structure monocéphale avec un seul exécutif, en l’occurence l’Allemand Tom Enders, épaulé d’un président du conseil de surveillance français. Louis Gallois, actuel président de la SNCF et ancien d’Aerospatiale, a été sollicité, de sources concordantes.

En contrepartie, les Allemands consentiraient à céder à un Français la présidence d’Airbus occupée par Gustav Humbert, désormais sérieusement menacé.

Problème: “dans ce schéma, Lagardère perdrait son siège de co-président du conseil d’administration et cela ne lui convient pas, en tout cas pas sans contrepartie”, fait remarquer un connaisseur du dossier.

Ce scénario se heurte aussi à une levée de boucliers syndicale à Toulouse. Pour FO, “la présidence exécutive ne peut être unique et confiée de surcroît à un Allemand, elle doit rester bicéphale et le co-président français doit diriger Airbus”.

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Le patron de la SNCF Louis Gallois, à Paris, le 15 mars 2006 (Photo : Thomas Coex)

L’autre schéma consisterait au moins dans un premier temps à maintenir une structure duale, avec une redéfinition des postes exécutifs: l’un spécifiquement chargé d’Airbus et l’autre d’un pôle rassemblant les autres activités du groupe. Un scénario évoqué par M. Forgeard mercredi devant des députés.

Si ce dernier était évincé, M. Gallois pourrait alors prendre sa place aux côtés de M. Enders, selon Le Monde daté de vendredi.

En attendant, EADS essaie tant bien que mal de masquer le regain de tension franco-allemande en interne.

Le groupe a annoncé jeudi avoir porté plainte contre X après la publication par Le Monde de documents préparatoires à une réunion de son comité d’audit, qui “semblent avoir été utilisés avec l’intention délibérée de dénoncer de prétendues tensions franco-allemandes”.

Selon ces documents, plusieurs dirigeants français, dont Noël Forgeard, avaient exprimé des doutes sur la capacité du groupe à tenir ses objectifs en matière de livraisons d’A380, alors que les Allemands s’étaient montrés confiants.

 29/06/2006 16:29:26 – © 2006 AFP