En Tunisie, tout le monde s’accorde à regretter que la qualité des
services dans le tourisme persiste bien en deçà de nos espérances. Et c’est
un doux euphémisme ! Car la clientèle des hôtels, par exemple, se trouve
parfois confrontée à des situations où elle ne sait pas s’il vaut mieux en
rire ou en pleurer.
Laissez-nous vous relater l’anecdote suivante. Elle vient de se passer dans
un hôtel à l’occasion d’une table ronde organisée conjointement par l’Office
national du tourisme tunisien (ONTT) et l’Association tunisienne des
journalistes et écrivains du tourisme (ATJET), à la fin du déjeuner qui
était, il faut le souligner, très convenable.
Au moment de servir le dessert, on découvrit qu’il s’agissait d’un melon au
sorbet qui devait normalement être dégusté à la cuillère. Ce qui a semblé
échapper aux gens de l’hôtel, c’est que le melon devait être un petit
‘’catalan’’ à la chair tendre pour que la dégustation ne devienne pas une
sorte de calvaire. En lieu et place, on nous servit un ‘’béji’’ à la chair
coriace qui nécessitait réellement que l’on y aille au couteau. Résultat, la
plupart des convives abandonnèrent après deux ou trois cuillerées pour ne
goûter qu’au sorbet.
Et c’est toute l’histoire des services dans notre tourisme. On fait, certes,
les choses à peu près dans les règles puis on bute lamentablement
sur la touche finale ; justement celle qui fait la différence.
La finesse, voilà ce qui manque à nos services. Cette nuance délicate,
subtile… qui fait la réputation des grandes destinations touristiques.
Ce n’est pas faute d’efforts, puisque la formation tous azimuts est l’une
des constantes fondamentales du tourisme tunisien. Les dépenses incessantes,
la multiplication des centres de formation et de recyclage, la
multiplication des inspections… en sont la preuve tangible. Pourtant, c’est
à nous de trouver la manière d’apprendre cette ‘’finesse’’ si nous
souhaitons soutenir la comparaison avec les grands noms et garder notre
clientèle.