L’impatience grandit autour d’une sortie de crise chez EADS

 
 
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Le logo d’EADS (Photo : Frederick Florin)

[01/07/2006 09:29:41] PARIS (AFP) La pression s’accentue sur les actionnaires français et allemands d’EADS pour trouver un scénario de sortie de crise qui passe par une délicate réforme de la direction, alors qu’Airbus se débat avec de lourds défis industriels et perd du terrain face à Boeing.

Le président Jacques Chirac, “très attaché à ce qu’on règle rapidement les problèmes industriels” d’Airbus, pourrait évoquer lundi la situation du groupe européen avec la chancelière Angela Merkel en marge d’un sommet franco-germano-polonais, selon l’Elysée.

Cette crise et la réorganisation d’EADS ne manqueront pas d’être soulevés par les actionnaires de l’entreprise, invités lundi à Paris à une “réunion d’information”.

La maison mère d’Airbus traverse une tempête sans précédent depuis l’annonce mi-juin de nouveaux retards de l’A380, qui plomberont de 2 milliards d’euros les comptes d’EADS d’ici 2010.

A ces déboires industriels s’ajoute la vente controversée d’actions en mars par le co-président français du groupe Noël Forgeard et d’autres dirigeants.

Si cette crise risque de coûter sa place à l’ex-patron d’Airbus, dont les Allemands réclament la tête, et à son successeur Gustav Humbert, elle révèle les écueils de la gouvernance bicéphale d’EADS, structurée autour de deux co-présidences franco-allemandes, et des liens liant Airbus à sa maison mère.

Le ministre français de l’Economie Thierry Breton a affirmé que “deux solutions” étaient “sur la table” et que l’Etat, détenteur de 15% d’EADS, suivrait la décision des actionnaires privés.

Premier schéma à l’étude: le passage à une structure classique, avec un seul président exécutif et un président du conseil de surveillance. Sont pressentis l’homologue allemand de M. Forgeard, Tom Enders, épaulé de Louis Gallois, actuel président de la SNCF.

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Le co-président français d’EADS Noël Forgeard à Paris le 28 juin 2006 (Photo : François Guillot)

L’autre solution consisterait, au moins dans un premier temps, à maintenir une structure duale, avec une redéfinition des postes exécutifs : l’un chargé d’Airbus, qui serait plus fortement intégré à EADS, l’autre d’un pôle rassemblant les autres activités du groupe.

Les négociations, hautement politiques, pourraient encore traîner plusieurs jours, voire quelques semaines. De source française, on souligne notamment qu’il “est difficile de trouver un nouveau président à la SNCF, un poste socialement très exposé, à un an de la présidentielle”.

Pour l’heure, “EADS est +En Attente De Sauveur+”, ironise un observateur.

Dans ce climat d’incertitudes, les tensions franco-allemandes atteignent des sommets en interne. Derrière une unité de façade, les frères ennemis se renvoient en coulisses la responsabilité de la crise, à grands renforts de phrases assassines.

Chez Airbus, on espère un dénouement rapide pour retrouver la confiance du marché et des clients. “Vivement que cela finisse pour que l’on puisse se concentrer sur les vraies questions industrielles”, s’impatiente-t-on chez l’avionneur.

A deux semaines du Salon aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni), le constructeur aéronautique doit en effet gérer de front la refonte de son programme long-courrier A350 et le recalage de production de l’A380.

Pendant ce temps, l’américain Boeing continue de creuser l’écart, avec 445 commandes d’appareils commerciaux enregistrées depuis le début de l’année, contre 142 pour Airbus.

Vendredi, la ministre française déléguée au Commerce extérieure Christine Lagarde a jugé “préoccupantes” les difficultés industrielles de l’avionneur. Mais elle a relevé qu’EADS “n’est pas le seul à subir des retards”. Une pique en direction de Boeing qui vient de provisionner 300 à 500 millions de dollars en raison de retards dans le développement de radars pour des avions militaires.

 01/07/2006 09:29:41 – © 2006 AFP