[01/07/2006 11:48:49] PARIS (AFP) Eurocopter, une filiale d’EADS, a réalisé une importante percée aux Etats-Unis en y décrochant son premier contrat militaire, une commande stratégique qui tombe à pic pour le groupe européen d’aéronautique et de défense empêtré dans une grave crise. L’armée de terre américaine a passé à Eurocopter un contrat d’une valeur de 3 milliards de dollars sur une durée de 10 ans pour la fourniture de 352 UH-145, un hélicoptère utilitaire léger, ont annoncé samedi le groupe européen et sa filiale. Le premier exemplaire de cet appareil multimission doit être livré en novembre. Une consécration pour le constructeur d’hélicoptères, présent depuis une vingtaine d’années aux Etats-Unis, où il équipe déjà le FBI et les gardes-côtes, mais qui avait renoncé à concourir à deux autres appels d’offres militaires en 2005. “C’est notre première percée sur le marché militaire américain”, s’est félicité dans un communiqué Fabrice Brégier, le président d’Eurocopter. Une victoire que la maison-mère EADS n’a pas manqué de revendiquer également: “ce succès conforte le rôle d’EADS comme partenaire respecté sur le marché américain de la défense”, ont salué Thomas Enders et Noël Forgeard, les co-présidents exécutifs d’EADS. La nouvelle tombe au bon moment pour le groupe englué dans les déboires industriels de sa filiale emblématique Airbus (du nouveau retard de l’A380 à la révision complète du projet A350) et la controverse autour de la vente d’actions par des dirigeants. Parmi eux, M. Forgeard, depuis sur la sellette, qui a vendu une importante somme d’actions quelques semaines avant la révélation de ces problèmes et l’effondrement du cours d’EADS qui a perdu le 14 juin le quart de sa valeur en une séance. D’intenses tractations entre les coactionnaires, l’Etat français, le groupe Lagardère et l’allemand DaimlerChrysler n’ont toujours pas débouché pour le moment, malgré des promesses de solutions rapides de part et d’autre. M. Brégier, le patron d’Eurocopter, avait été pressenti en 2005 pour succéder à Noël Forgeard à la présidence d’Airbus, finalement échue à l’allemand Gustav Humbert, et son nom a de nouveau émergé ces derniers jours en plein débat sur un éventuel changement de pilote au sein de la filiale qui réalise 80% du chiffre d’affaires d’EADS. Sur le plan industriel également, ce contrat tombe à pic, alors qu’EADS affiche la ferme intention de se renforcer dans le secteur de la défense, et d’y rivaliser avec l’américain Boeing. Le groupe européen, qui espère vendre aux Etats-Unis des ravitailleurs et ses appareils de transport militaire A400M, a déjà indiqué à plusieurs reprises vouloir atteindre un chiffre d’affaires en défense de 10 milliards d’euros contre 7,7 milliards en 2005. En se développant dans ce domaine, EADS veut comme l’a fait Boeing se rendre moins dépendant du marché de l’aviation commerciale et sa conjoncture fluctuante. Eurocopter, qui a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 3,25 milliards d’euros, est une pièce maîtresse dans la stratégie du groupe, et la filiale compte se rapprocher dès cette année des 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon un porte-parole. Le contrat annoncé samedi porte sur un montant initial de 322 appareils, qui pourra être porté à 352 maximum, a-t-il précisé. Eurocopter a indiqué s’être allié pour ce programme à des partenaires locaux, Sikorsky Aircraft se chargeant du soutien logistique, Westwind Technologies de l’intégration des systèmes et CAE USA des simulateurs de postes de pilotage. Mais c’est le français Safran (issu du rapprochement de Sagem et du motoriste Snecma) qui fournira les moteurs. |
||
|