[02/07/2006 12:18:54] WASHINGTON (AFP) Les autorités américaines s’intéressent de près aux pratiques d’attribution des stocks-options de certaines entreprises, antidatées pour permettre aux dirigeants d’empocher des sommes parfois fabuleuses, dans ce qui pourrait prendre des allures de nouveau scandale. Pas une semaine ne passe sans qu’une entreprise annonce l’ouverture d’une enquête ou la découverte d’irrégularités dans son programme. Dernier en date, le fabricant informatique américain Apple a indiqué jeudi qu’il avait découvert des irrégularités dans certaines attributions de stock-options entre 1997 et 2001. Une des attributions litigieuses concernait le PDG Steve Jobs, “mais elle a été annulée et il n’en a résulté aucun gain financier” pour ce dernier, a précisé Apple. Le même jour, Computer Associates a annoncé qu’il retardait la publication de ses comptes après avoir découvert des problèmes dans son programme de stock-options. Au total, une soixantaine d’entreprises américaines sont concernées, soit parce qu’elles ont ouvert une enquête interne, soit parce qu’elle sont visées par une enquête informelle de la Commission des opérations de bourses (SEC) ou de la justice, ou encore après des articles de presse. Personne n’a encore été condamné, même si l’affaire fait grand bruit aux Etats-Unis où le souvenir des scandales de type Enron ou WorldCom est encore cuisant. Aussi, la SEC a-t-elle indiqué qu’elle voulait modifier les règles pour rendre plus transparente la rémunération des dirireants d’entreprise. Les pratiques incriminées sont toujours les mêmes: certaines stocks-options auraient été antidatées pour commencer au moment exact où le cours du titre était le plus bas en bourse. Cela permet aux dirigeants d’engranger un profit maximum le jour où ils décident de vendre ces titres. En soi, la pratique n’est pas forcément illégale, si elle est clairement annoncée aux actionnaires et intégrée dans les comptes. Et c’est là que le bât blesse: une partie de la rémunération des dirigeants n’aurait pas été correctement comptabilisée. L’attribution de stocks-options consiste à donner aux dirigeants le droit de vendre un certain nombre d’actions de leur entreprise par rapport à un cours donné, avec à la clé de coquettes plus-values potentielles. Partie intégrante de la rémunération des cadres, elles reviennent à intéresser les cadres à la réussite de leur entreprise. Mais elles sont aussi critiquées car elles pourraient inciter les dirigeants à utiliser tous les moyens possibles pour doper le cours de la bourse, et aussi parce qu’elles peuvent leur offrir sur un plateau des plus-values alors qu’ils n’ont rien fait pour les mériter. Ces pratiques se sont beaucoup développées dans les années 1990, lors des débuts des entreprises internet. Logiquement, une grande partie des entreprises incriminées aujourd’hui sont dans le secteur de la haute technologie (Cyberonics, Computer Sciences, Juniper, McAfee…) De grandes entreprises comme Home Depot (le numéro un du bricolage) HealthSouth (services médicaux) auraient elles aussi attribué des stocks options antidatées. L’affaire a pris de l’ampleur en mars, après la publication d’un article du Wall Street Journal (WSJ) détaillant quelques cas d’école. Par exemple, les options du PDG d’Affiliated Computer Services, Jeffrey Rich, sont datées du jour exact où le cours a atteint son plus bas en bourse. Selon le WSJ, il y aurait une chance sur 300 milliards pour que cela arrive par chance — contre 1 sur 146 milliards pour gagner la loterie américaine. |
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