[02/07/2006 20:48:34] PARIS (AFP) Le coprésident français d’EADS Noël Forgeard et le président allemand d’Airbus Gustav Humbert ont fait les frais de la crise au sein du groupe, où ils ont été remplacés dimanche par deux Français: le président de la SNCF Louis Gallois et un ancien de Saint-Gobain Christian Streiff. M. Forgeard, 59 ans, ex-patron d’Airbus, et son successeur à la tête de l’avionneur, Gustav Humbert, paient ainsi les nouveaux retards du programme d’avion géant A380, dont l’annonce a fait chuter le titre EADS de plus de 26% en Bourse le 14 juin et provoqué une grave crise industrielle et de management. M. Forgeard, dont les Allemands demandaient la tête, était en outre fragilisé par la vente controversée d’actions quelques semaines avant l’annonce des retards de l’avion géant, qui amputeront les comptes d’EADS de 2 milliards d’euros d’ici 2010. EADS doit réunir ses actionnaires lundi soir. Louis Gallois, 62 ans, ancien président d’Aérospatiale, l’une des sociétés co-fondatrice d’EADS en 2000, prendra la tête de la maison mère d’Airbus aux côtés de l’actuel co-président allemand Tom Enders. Le nouvel homme fort du groupe européen d’aéronautique et de défense, précédé d’une réputation de dialogue et de rigueur, représentait jusqu’ici l’Etat français au conseil d’administration d’EADS (15% du capital).
Sa nomination a provoqué un jeu de chaise musicale, avec la désignation pour lui succéder de la présidente de la RATP, Anne-Marie Idrac, elle-même remplacée par le directeur de cabinet du Premier ministre Pierre Mongin. M. Streiff, ingénieur des Mines de 51 ans nommé nouveau patron d’Airbus, a accompli toute sa carrière d’industriel entre la France et l’Allemagne, chez Saint-Gobain, et avait un temps été pressenti pour succéder au patron Jean-Louis Beffa. En vertu de la règle du “reporting croisé” entre Français et Allemands chez EADS, il dépendra hiérarchiquement de M. Enders. D’autre part, M. Forgeard s’est vu confier une “mission” auprès de l’avionneur européen jusqu’à la fin de l’année, a déclaré à l’AFP le ministre français des Transports Dominique Perben. La structure bicéphale d’EADS, un temps sur la sellette, n’a finalement pas été remise en cause, la coprésidence franco-allemande étant maintenue au niveau de l’exécutif et au conseil d’administration, présidé par les deux actionnaires de référence Arnaud Lagardère (15%) et DaimlerChrysler (30%). Les syndicats FO et CGT d’Airbus ont plaidé dimanche pour le maintien de cette direction bicéphale. Mais EADS “a décidé d’intégrer étroitement la Division Airbus à la structure organisationnelle du groupe”, tirant la leçon des dysfonctionnements de communication ayant entouré les retards de l’A380. “Jusqu’ici, Airbus jouissait d’une grande autonomie vis-à-vis de sa maison mère. On a vu ce que cela a donné”, a commenté une source proche du dossier. Parallèlement, le groupe européen a annoncé dans la soirée qu’il devrait débourser 2,75 milliards d’euros pour racheter la part de 20% du britannique BAE Systems dans Airbus, un prix fortement réduit par rapport aux estimations initiales.
Le ministre de l’Economie Thierry Breton a souligné que l’Etat actionnaire d’EADS avait “soutenu la proposition faite par les acteurs industriels”, en ajoutant que la “relation franco-allemande sort(ait) renforcée” de cette crise. La situation d’EADS devrait être évoquée lundi entre le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel à l’occasion d’un sommet franco-germano-polonais. Les dirigeants évincés ont réagi diversement à leur mise à l’écart. “La récente annonce de délais de production de l’A380 et de retards du calendrier de livraisons a été une déception majeure pour nos clients, nos actionnaires et nos employés. En tant que président d’Airbus, je dois prendre la responsabilité de ce revers”, a dit M. Humbert. Dans un communiqué, il a affirmé que sa démission n’avait “rien à voir ni avec les difficultés opérationnelles d’Airbus dont je n’avais plus la responsabilité depuis un an, ni avec la polémique sur l’exercice de mes stocks options”. |
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