A l’issue de leur réunion de deux jours, les 25 et 26 juin à Tunis,
les ministres de l’Economie et des Finances des 37 pays du partenariat
euro-méditerranéen (les 25 Etats de l’Union européenne et 12 pays du Sud et
de l’Est de la Méditerranée), au cours de laquelle ils ont débattu de
l’avenir financier de leur coopération, le sentiment qui se dégage c’est une
sorte de rendez-vous manqué. Car, certes, l’Union européenne s’est engagée à
investir “plus et mieux” dans le partenariat Euromed, mais la principale
revendication des autres pays partenaires n’a pas été satisfaite, à savoir
la création d’une banque euro-méditerranéenne d’investissement. La question
a été renvoyée à plus tard.
Ceci dit, est-ce un échec ? A notre sens, non. Parce que l’expression ‘’plus
et mieux’’ est très significative. En effet, ‘’investir plus’’ signifie une
augmentation conséquente des montants communautaires alloués à
l’investissement dans les pays partenaires. De son côté ‘’investir mieux’’
équivaut à cibler davantage les projets à fort potentiel économique mais qui
pourraient avoir une valeur ajoutée sociale certaine. Tout ceci est d’autant
plus vrai que l’Union européenne demeure convaincue plus que jamais de la
nécessité d’un développement économique et social dans les pays du pourtour
méditerranéen.
Il faut dire aussi que si les 12 pays du sud et de l’est de la Méditerranée
ont réclamé la création d’une banque euro-méditerranéenne d’investissement,
c’est parce qu’ils estiment très faible le niveau des investissements en
provenance de l’Union Européenne.
Toutefois, si l’Union tient ses promesses d’investir
‘’plus et mieux’’ dans l’avenir dans le partenariat Euromed, beaucoup de
pays vont tirer leur épingle du jeu… Mais la condition sine qua non, c’est
d’appliquer à la lettre cet engagement. Ce qui n’est pas gagné d’avance.
Maintenant faisons un pas en arrière. Il y a une dizaine d’années -1995-,
était créé le partenariat euro-méditerranéen suite au Processus de
Barcelone. Initialement, ce partenariat avait pour objectif la définition
d’un espace commun de paix et de stabilité par le renforcement du dialogue
politique et de sécurité, le rapprochement entre les peuples et les échanges
entre les sociétés civiles et l’instauration progressive d’une zone de
libre-échange entre les partenaires d’ici 2010. Aujourd’hui, on constate
avec regret que, en termes d’investissements, les résultats de ce
partenariat sont loin d’être satisfaisants pour les principaux
bénéficiaires, à savoir les pays méditerranéens.
Malheureusement, certains facteurs ne sont pas favorables depuis pas mal de temps :
l’élargissement vers les pays d’Europe centrale et orientale ‘’PECO’’ oblige
l’Union Européenne à opérer des coupes sombres dans le budget d’investissement destiné aux
pays méditerranéens. Du coup, ces derniers se sentent lésés quant à la
contribution financière des Etats de l’Union.
D’ailleurs, à l’instar de certains chefs d’Etat de ces pays, le Premier
ministre M. Mohamed Ghannouchi, dans son discours inaugural de la réunion de
l’ECOFIM, a rappelé que le volume des investissements directs étrangers est
encore trop modeste dans la région, représentant à peine 3% des flux des IDE
mondiaux et 2% des investissements réalisés par les pays de l’Union Européenne à
l’étranger et l’activité économique encore trop faible pour faire face à la
concurrence et au chômage important dans ces pays.
C’est sans doute pourquoi le commissaire européen à l’Économie et aux
Affaires monétaires, Joaquin Almunia, a promis, lundi 26 juin, que ‘’les
ressources européennes attribuées aux 12 pays méditerranéens par la Facilité
euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP), seraient
augmentées de 45% entre 2007 et 2013, et le partenariat économique et
financier renforcé dans le cadre de la Nouvelle politique de voisinage de l’Union Européenne.
Et M. Philippe de Fontaine Vive, vice- président de la Banque européenne
d’investissement, de préciser en disant que ‘’ces nouvelles ressources
devront surtout être mieux réparties, sur des secteurs essentiels au
développement économique de la région tels que l’énergie, le tourisme, la
formation professionnelle et la micro-finance’’.
Rappelons sur ce dernier point que la BEI (Banque européenne
d’investissement) par le biais de sa filiale FEMIP pourra dorénavant
financer les PME/PMI dans les pays partenaires méditerranéens. Et lorsqu’on
sait que l’économie de ces pays est composée à plus de 70% de PME, on
comprend alors la portée de cette mesure.
Encore une fois, pourvu qu’elle soit mise en pratique !