[03/07/2006 17:36:16] PARIS (AFP) Au lendemain des remaniements annoncés à la tête d’EADS et de sa filiale Airbus pour sortir de la crise, la nouvelle équipe dirigeante a promis lundi de s’attaquer sans attendre aux lourds défis industriels en suspens chez l’avionneur européen, érigés en “priorité absolue”. “Le retour en force d’Airbus est la priorité absolue et immédiate”, ont déclaré lundi les coprésidents exécutifs d’EADS, le Français Louis Gallois et l’Allemand Tom Enders, dans leur premier communiqué commun après le remplacement dimanche de Noël Forgeard par l’ex-président de la SNCF. “La réputation du groupe est en jeu. Nous allons devoir regagner la confiance de nos clients, de nos investisseurs et, en premier lieu, de notre personnel. Nous travaillerons d’arrache-pied et main dans la main pour remettre EADS sur le bon cap”, ont-ils assuré. Par ailleurs, des changements dans les liens entre Airbus et EADS seront décidés dès que possible, ont-ils indiqué, au lendemain de l’annonce d’une plus grande intégration du constructeur aéronautique à sa maison mère. EADS était plongé depuis plus de deux semaines dans une crise industrielle et de management, après l’annonce de nouveaux retards du programme d’avion géant A380, qui amputeront les comptes du groupe d’aéronautique et de défense de 2 milliards d’euros d’ici 2010. La première étape de la reprise en main a été l’éviction simultanée du coprésident d’EADS Noël Forgeard et du patron allemand d’Airbus Gustav Humbert, remplacés par deux Français: le consensuel Louis Gallois et un ancien de Saint-Gobain, Christian Streiff. Des nominations jugées industriellement pertinentes en France et en Allemagne, mais également propres à maintenir le sacro-saint équilibre franco-allemand au sein du groupe européen. “Le gouvernement allemand (…) l’estime préservé par les récentes décisions”, a jugé lundi le ministre allemand de l’Economie Michael Glos. Mais le plus gros reste à faire pour les nouveaux dirigeants: remettre d’aplomb les programmes phares d’Airbus, menacé par son rival américain Boeing qui affichait fin juin 445 commandes d’appareils commerciaux, contre 142 pour l’européen. “Les changements d’hommes lèvent les incertitudes à court terme mais ne changent rien aux risques fondamentaux qui pèsent sur Airbus”, avertit la Deutsche Bank, en rappelant que le calendrier de livraison de l’A380 a été décalé de plusieurs mois sous l’effet des ratés de production.
Mais le sujet brûlant demeure le remodelage du programme de long-courrier A350, lancé en 2005 pour contrer le futur 787 de l’américain Boeing, qui récolte un franc succès auprès des compagnies aériennes. Problème: l’appareil, à l’origine dérivé de l’A330, a essuyé une rafale de critiques de la part des clients, forçant Airbus à de profondes modifications du programme, dont le coût est désormais doublé à 8 milliards d’euros. Compagnies aériennes et analystes attendent qu’Airbus dévoile son nouvel avion, qui pourrait être rebaptisé A370, au Salon aéronautique de Farnborough, en Grande-Bretagne, à partir du 17 juillet. Les analystes craignent que le manque d’expérience de M. Streiff dans l’aviation commerciale ne freine le redécollage d’Airbus. “La nomination de M. Streiff est une surprise, car il n’a aucune expérience dans l’aéronautique. Son arrivée risque dans un premier temps de ralentir le processus de décision”, estime Olivier Esnou, analyste chez Exane-BNP Paribas. Dès lundi, M. Streiff s’est attelé à la tâche en se rendant au siège français de l’avionneur à Toulouse pour rencontrer sa nouvelle équipe. |
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