[04/07/2006 15:43:55] PARIS (AFP) Le projet d’un mariage entre Renault-Nissan et GM illustre la recomposition douloureuse de l’industrie automobile, sur fond de stagnation des principaux marchés, de montée des pays émergents et de quête de faibles coûts de production. Mariages éventuels et ruptures d’alliances, délocalisations vers les pays “low cost”, ventes en berne en Occident mais en essor ailleurs, “l’automobile est en mutation permanente depuis la fin des années 1970, avec des retournements rapides et violents”, a expliqué à l’AFP l’économiste Yannick Lung. “Cette industrie est en proie à des recompositions, avec une fuite en avant vers des regroupements pour bénéficier d’économies d’échelle car la pression concurrentielle est très forte et les surcapacités de production structurelles”, a ajouté M. Lung, coprésident du Groupe d’études et de recherches permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile. Comme les coûts fixes sont élevés, le moindre essoufflement de marché comprime les marges bénéficiaires. “Or la conjoncture économique actuelle est défavorable à l’automobile en général et fragilise les constructeurs ayant des difficultés d’organisation et de gestion”, selon lui. Les ventes de voitures devraient stagner cette année sur les marchés américain, européen et japonais, intensifiant la compétition entre constructeurs pour préserver les parts de marché, pronostique une récente étude de Standard and Poor’s. La guerre des prix, à coup de rabais massifs, promet donc de continuer. “La stagnation de la demande et la forte concurrence sur les marchés automobiles des pays développés va accentuer la pression sur la rentabilité des constructeurs mondiaux en 2006”, prévient SP. Tant aux Etats-Unis, premier marché mondial, qu’en Europe, les constructeurs domestiques doivent affronter la concurrence grandissante des asiatiques, qui ne cessent de gagner du terrain avec des modèles de plus en plus adaptés aux goûts locaux. Après les japonais, à commencer par Toyota, et les coréens, les chinois, voire les indiens, se profilent à plus long terme. Du coup, les constructeurs européens et américains, soucieux d’accroître leurs ventes et de préserver leurs marges, se tournent de plus en plus vers l’international pour trouver de nouveaux débouchés dans des marchés en plein essor comme la Chine, mais surtout pour produire à moindres coûts. Après avoir délocalisé une partie de leurs activités en Europe du Sud, les européens changent désormais de cap, misant massivement sur l’Europe de l’est et l’Asie. Quant aux américains, ils continuent de développer leurs usines mexicaines mais aussi chinoises.
“Les constructeurs automobiles sont dos au mur, il semble qu’enfin on va s’attaquer au problème des surcapacités de production automobile dans le monde, qui avoisinent 20 millions d’unités. Je vois maintenant quelques bonnes décisions, notamment des fermetures d’usines dans des pays à coûts élevés”, déclarait fin avril le PDG de Valeo, Thierry Morin. Il faisait référence à l’annonce de la fermeture d’ici 2008 de la seule usine britannique de Peugeot, située à Ryton. Autant d’évolutions qui affectent les salariés des pays industrialisés comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, victimes de nouvelles vagues de restructurations massives. Mais même des pays considérés comme “low cost” il y a quelques années, comme l’Espagne et le Portugal, souffrent désormais de la mise en concurrence salariale. Les relations entre employés et employeurs, notamment en Europe de l’ouest, changent aussi. “Les constructeurs et les équipementiers cherchent à obtenir des concessions sur le salaire et la durée de la semaine de travail, arguant que les sites de production dans la région doivent devenir plus compétitifs”, souligne SP. |
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